Des chaises vides

À l’origine, le débat intitulé «Crise financière internationale : Quel est l’avenir du système financier international?» devait avoir lieu entre le député de Mercier, Amir Khadir, et le vice-président et économiste en chef de l’IEDM, Marcel Boyer. Le député de
Mercier ayant dû annuler sa participation, la direction de la Chaire publique s’est retournée vers Claude Vaillancourt, secrétaire général d’ATTAC-Québec.

André Valiquette, directeur des communications à l’IEDM, soutient ne pas avoir été prévenu par l’AELIES des changements concernant les panélistes. «On a dit oui à un débat avec Amir Kadhir. Sans qu’on le sache, les plans ont changés», fait-il valoir. Le président de l’AELIES, Youmani Jérôme Lankouandé assure pourtant que le message avait bel et bien été fait aux gens de l’IEDM.

Deux idéologies
À l’IEDM, en plus d’insister sur le fait de ne pas avoir apprécié le changement de programme, André Valiquette met en doute les compétences de M. Vaillancourt et de son organisation. Faisant remarquer les bases idéologiques d’ATTAC-Québec, qu’il qualifie de marxistes, André Valiquette ne croit pas qu’un débat avec M. Vaillancourt, qui est professeur de littérature au cégep et auteur de nombreux romans, aurait été pertinent. «La réaction de M. Boyer a été de ne pas participer à un débat avec quelqu’un qui n’a pas les compétences. Pour nous, il faut que ça vaille la peine. Ça aurait fait un débat stérile. Il faut une certaine base de connaissances pour des débats de ce genre. Il y a un bagage de connaissances que l’on ne retrouve pas chez ATTAC. C’était un débat entre deux personnes qui n’ont pas le même bagage. On ne veut pas mettre notre économiste en chef dans une situation de débat qui ne va nulle part», dit M. Valiquette.

Le comité scientifique d’ATTAC- Québec est pourtant composé d’une vingtaine d’universitaires, dont plusieurs professeurs d’économie. Robert Jasmin, président d’ATTAC, croit que Marcel Boyer a fait preuve de condescendance envers son organisation. «Les gens de l’IEDM peuvent parfois considérer les militants comme des marginaux, comme des gens qui ne sont pas intégrés dans la société. Je me suis dit qu’enfin, on va avoir un débat de fond sur la crise. L’IEDM s’est fait le propagandiste du néo-libéralisme au Québec. Ce sont des idéologues qui ont propagé le néo-libéralisme qui nous ont pourtant amené à la crise actuelle. S’ils acceptent un débat, ils devraient aller jusqu’au bout. C’est inadmissible dans un tel cas de dire qu’on ne veut pas débattre avec telle ou telle personne», affirme M. Jasmin, qui ajoute qu’ATTAC a des vues similaires à celles d’Amir Khadir sur l’économie, l’affiliation politique en moins.

L’AELIES s’explique
Robert Jasmin se dit déçu de la décision de l’AELIES d’avoir annulé le débat. «Annuler ce débat, c’est donner raison à l’IEDM», ajoutant que l’association avait manqué de courage politique en se pliant à la décision de l’IEDM. Il aurait préféré une politique de la chaise vide plutôt qu’une annulation pure et simple. À ce sujet, Jérôme Lankouandé se veut clair : «La Chaire publique a un principe, et c’est celui d’offrir plus d’une vision sur une problématique. C’est sa raison d’être. Ce principe est important et nous l’avons respecté». Les membres de l’exécutif de l’AELIES ont tenté d’inviter plusieurs membres du corps professoral de la Faculté des sciences de l’administration de l’UL, mais aucun n’a accepté de participer au débat sous prétexte d’un manque de temps pour se préparer en vue du débat.

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