Des organismes communautaires réclament une consultation

Dans une rare déclaration d’intention en faveur de l’aide aux plus démunis de la part du municipal, le maire de Québec a confié à la conseillère indépendante de St-Sauveur, Louise Lapointe, le mandat de proposer quatre ou cinq solutions précises et peu coûteuses pour lutter contre la pauvreté à Québec. Même s’ils se réjouissent de l’intérêt porté à cette problématique, Lauberivière et la Coalition régionale pour le droit au logement réclament une consultation, estimant que le milieu communautaire, en contact direct avec les citoyens visés, est le mieux placé pour proposer des solutions.

«Ce serait dommage que la Ville ne reconnaisse pas le travail que les organismes communautaires ont fait, estime la directrice générale de Lauberivière, Chantale Dugas. Il y en a environ 250 à Québec, dont plusieurs ont déposé des mémoires à la Commission des affaires sociales à l’automne. On a développé des solutions, plus abordables que celles du milieu institutionnel. […] Les organismes communautaires sont sous-financés, mais des outils de travail ont été développés avec les moyens du bord.»

Des logements sociaux supervisés, où l’on travaille activement à la réinsertion sociale, ou des fiducies qui aident les plus démunis à gérer leur budget, comme en propose Lauberivière, ne sont que quelques-uns des projets qui pourraient inspirer la Ville, selon Mme Dugas. «Mais d’autres organismes communautaires ont aussi de bonnes idées», précise-t-elle.

Ces organismes prennent le pouls, au quotidien, de ce qui se passe sur le terrain. «La pauvreté a changé. La toxicomanie a pris plus d’ampleur, la santé mentale s’est ajoutée depuis les trente dernières années avec
la fermeture des institutions psychiatriques. Les organismes communautaires, par leur mission, ont leurs portes ouvertes à cette clientèle désaffiliée des institutions.» Alors que «la lutte à la pauvreté n’est pas un volet qui a été énormément développé par la Ville, peu importe qui était à la mairie», Mme Dugas plaide pour une concertation : «Il faut travailler ensemble plutôt que dans des silos parallèles».

Pour des loyers salubres et abordables
La Coalition régionale pour le droit au logement a réagi aux propos de M. Labeaume dans le même esprit. «C’est une bonne chose que Québec prenne ce tournant-là, mais on ne veut pas voir que des gestes d’éclat. On veut voir un engagement à long terme à partir des solutions qui existent déjà», déclare Mathieu Houle-Courcelles, du
Bureau d’animation et information logement et porte-parole de la coalition. Faisant écho aux propos de la directrice de Lauberivière, il invite le maire Labeaume à rencontrer les intervenants du milieu. «Le but, c’est qu’on se comprenne bien, c’est que tout le monde se retrouve autour d’une même table», soutient-il.

D’emblée, l’organisme qui œuvre entre autres auprès des locataires à faibles revenus, propose de renforcer l’application du règlement municipal qui régit la salubrité et l’entretien des logements, et d’utiliser les réserves foncières de la Ville à des fins de logements sociaux. «Le loyer est un élément déterminant pour les plus démunis, expose M. Houle-Courcelles. La Ville a un rôle là-dedans, elle peut donner le ton et privilégier le logement social dans les territoires qui lui appartiennent. On veut que la Ville prenne position clairement pour l’entretien des logements : il faut mettre plus d’inspecteurs, punir plus sévèrement. Il y a environ 10% des logements à Québec qui ont besoin de rénovations majeures. Majeures, pas de l’entretien régulier! La Ville peut faire beaucoup plus et on encourage le maire à aller dans ce sens-là. On est ouverts à collaborer là-dessus.»

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