Deux visions, un même problème

Le scandale de l’Îlot voyageur de l’UQÀM en a laissé plus d’un perplexe sur les méthodes employées par les universités pour revitaliser leurs infrastructures. Selon le rapport, bien que les universités n’ont pas, à proprement parlé, recours au PPP, elle conçoivent elles-mêmes leurs partenariats avec le privé. Outre l’UQÀM, l’IRIS analyse également les cas de l’UQTR et de l’UQAR, qui ont également endossé le secteur privé pour réaliser leurs projets d’infrastructures. Autrement dit, ces universités ont endossé des sociétés privées pour mettre en branle des projets, assumant ainsi la totalité des risques
financiers.

«Lorsqu’on s’endette pour des actifs, pour des choses qui participent à l’éclosion de la société, il faut savoir s’endetter pour contribuer à la société québécoise. Plutôt que de vouloir s’endetter, les universités québécoises passent par des partenariats ou par des groupes privés pour cacher cette colonne de dettes. C’est pourquoi le gouvernement devrait investir dans l’éducation et l’infrastructure des universités», dit Bertrand Schepper, chercheur et coauteur du rapport. Selon l’IRIS, c’est l’autonomie même des universités qui est mise en cause. «Le promoteur va généralement avoir les droits sur un pavillon pour plusieurs années. Ce n’est peut-être pas le rôle d’une université de construire un pavillon, mais c’est son rôle de s’assurer qu’il réponde aux besoins des étudiants et d’avoir un plein pouvoir dessus. Donc, l’institution ne doit pas être locataire», ajoute M. Schepper.

Se concentrer sur sa mission
Selon Marcel Boyer, vice-président et économiste en chef de l’Institut économique de Montréal, les universités auraient au contraire tout intérêt à emprunter la voie des PPP pour se développer. «Je pense que les universités devraient en faire beaucoup plus que ce qu’elles font maintenant pour une raison bien simple. L’université n’est pas une entreprise qui a des compétences particulières dans la gestion du personnel d’entretien. C’est une communauté d’étudiants et de professeurs au premier chef et elle devrait se recentrer sur cette mission et offrir en sous-traitance à peu près tout le reste, ou en PPP», dit-il, stipulant que les administrations universitaires n’ont peut-être pas les compétences nécessaires pour gérer efficacement de grands projets d’infrastructures. En ce qui concerne l’autonomie, M. Boyer ne voit pas en quoi les universités devraient s’inquiéter en confiant au privé la gestion à moyen terme de ses édifices. «Pourquoi une université voudrait avoir une forme d’autonomie pour gérer l’entretien ou la construction d’un édifice? Ça ne fait pas partie de sa mission. Le gouvernement du Québec devrait faire la même chose; en fait, tout le secteur public devrait le faire», affirme-t-il.

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