Heure juste et enjeux

Mireille Nguele et Maria Castillo, conférencières invitées et toutes deux immigrantes, ont d’abord rappelé la nécessité pour les immigrants de se faire guider à leur arrivée dans leur pays d’adoption. À ce sujet, Mme Nguele a par exemple souligné que dans son Cameroun natal, regarder quelqu’un dans les yeux représente un manque de respect, alors qu’au Québec, ce qui est mal, c’est plutôt le fait de ne pas regarder quelqu’un directement lors d’un dialogue.

Ebodebode M’Somwa, qui assistait à la table-ronde, a quant à lui questionné Michel Choquette, conférencier invité et conseiller-cadre à la Ville de Québec, sur l’inertie de la Ville dans le dossier de l’emploi. Originaire de la République démocratique du Congo et arrivé à Québec en 2001, M. M’Somwa est titulaire d’un baccalauréat, depuis 2006, et d’une maîtrise, depuis 2008, de l’Université Laval. Depuis avril dernier, il affirme avoir postulé sur plus de 40 postes partout en province, sans succès. Il est aux prises avec des dettes d’études de plusieurs dizaines de milliers de dollars, il est père de six enfants et il doit désormais se débrouiller avec l’aide sociale. «Ce sont de sérieux problèmes de santé mentale qui me guettent», a-t-il lancé.

Les villes impuissantes
M. Choquette a pour sa part souligné la relative impuissance des administrations municipales dans l’amélioration de certaines facettes de la réalité des immigrants, dont la difficulté de se trouver un emploi. Selon lui, ce qu’une ville proprement dite peut faire de mieux pour aider un immigrant qui arrive seul, c’est de lui faire visiter les lieux, lui mentionner certains éléments de base, promouvoir un rapprochement culturel via certains programmes subventionnés, etc.

«La ville, c’est bien utile. Le gouvernement c’est bien utile. Mais c’est pas ça qui fait le succès d’une immigration», a affirmé M. Choquette. À ses dires, «l’intégration proprement dite se fait par des organismes civils». Une ville comme Québec peut bien prendre certaines mesures concrètes, comme la conservation expresse de 10% des logements à prix modiques pour les immigrants, il n’en demeure pas moins que les citoyens et employeurs ont un rôle important à jouer dans ce dossier.

Québec accueille depuis quelques années de plus en plus d’immigrants et le taux de rétention a également augmenté. Toutefois, un problème majeur demeure, selon le conseiller-cadre à la Ville : trop peu d’organismes civils, seulement une douzaine à Québec, viennent en aide aux immigrants. M. Choquette croit également qu’il faut sensibiliser la population à l’importance de l’immigration, car «c’est notre survie [en raison du vieillissement de la population] qui en dépend.»

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