L’éducation reste secondaire

Lors de son discours inaugural, Jean Charest avait promis de protéger l’éducation, même en temps de crise économique. Avec une hausse de 3,5 % des dépenses, le budget présenté la semaine dernière confirme cette intention. Les nouvelles sommes permettront de conserver les acquis, mais il ne fait aucun doute que le gouvernement libéral ne fait pas de l’éducation un vecteur de relance économique.

L’effort pour maintenir le système d’éducation à flot est tout de même présent. Les investissements sont plus importants que l’inflation, et supérieurs à la croissance économique du Québec. Dans le contexte actuel, il était prévisible que l’investissement ne soit pas considérable. Les nouvelles sommes permettront de mettre de l’huile dans les rouages du système en couvrant l’augmentation des coûts d’opérations. Par contre, nos établissements d’enseignement supérieur resteront sous-financés et l’endettement étudiant ne sera pas amoindri. Ces deux éléments étaient pourtant nécessaires pour assurer une bonne reprise économique.

Notamment, 16,6 M$ supplémentaires seront consacrés au régime d’aide financière aux études. Cette hausse d’environ 4% semble appréciable, mais elle ne reflète pas l’augmentation du coût de la vie des étudiants. La hausse des frais de scolarité de 100 $ par année pendant cinq ans et les hausses des frais afférents ne sont pas les seules augmentations de coûts auxquelles les étudiants font face. Le matériel scolaire de plus en plus sophistiqué que les étudiants doivent acquérir, comme les ordinateurs portables, les logiciels et les manuels font monter la facture. La pénurie de logements pousse les jeunes vers des lieux de résidence plus coûteux ou plus éloignés. Le système de transport en commun est de moins en moins abordable et ceux qui doivent utiliser leur voiture sont confrontés à la hausse du prix de l’essence. L’endettement face au gouvernement ne crée pas de richesses. L’un des principaux freins à la reprise économique consiste à l’endettement de la société en général. Il n’est pas souhaitable économiquement que les jeunes s’endettent avec leurs études, car cela aura pour effet d’hypothéquer leur futur pouvoir d’achat.

Selon la Conférence des recteurs et principaux du Québec (CREPUQ) le sous-financement des universités québécoises par rapport aux autres universités canadiennes est de 400 M$ par années. La hausse de 209,5 M$ du financement de l’enseignement supérieur ne permettra pas aux Québec de développer une éducation postsecondaire compétitive. En période de ralentissement, les étudiants restent plus longtemps sur les bancs d’école, car le marché du travail offre moins d’ouverture. Cette augmentation sera suffisante pour combler l’augmentation des coûts du système, mais ne constitue pas une somme raisonnable pour mettre à niveau nos établissements d’éducation. Les universités ont besoin d’investissements importants pour la rénovation de leurs infrastructures. Si l’on prend en considération que le budget comprend 187 M$ en nouveaux transferts fédéraux en éducation, le gouvernement du Québec ne met grand-chose de plus de sa poche.

L’éducation ne semble pas être une priorité pour le gouvernement libéral. Certains de ses engagements comme la lutte au décrochage scolaire ne font même pas partie du budget. Encore une fois, la santé représente la plus grande augmentation des dépenses. Reflet d’une société qui prend plus soins d’assurer le confort de sa masse d’électeurs «babyboomeurs» que d’assurer des conditions qui favorisent sa jeune relève.

Consulter le magazine