La droite révolutionnaire

En guise de préambule à sa présentation, M. Kelly-Gagnon a voulu mettre les choses au clair. À ses dires : «La droite, ça n’existe pas.» Il affirme que la dichotomie gauche-droite est arbitraire, expliquant qu’elle prend sa source à l’époque de la Révolution française, lorsque les députés soutenant la monarchie se trouvaient à droite de la salle, tandis que ceux voulant le changement se positionnaient à gauche. «Ce qui est resté, c’est que ceux qui vont à gauche veulent du changement et ceux à droite veulent conserver l’ordre établi», décrit M. Kelly-Gagnon. Il estime que selon cette définition, «toute une gang, qui se dit de gauche au Québec» et voulant «préserver les acquis de la Révolution tranquille en prônant le statu quo», devrait être considérée de droite. M. Kelly-Gagnon indique que ces «forces conservatrices» sont «très puissantes» dans la province,
en plus d’être «soutenues par les médias».

Pour déterminer sa position sur l’échiquier politique québécois, le président de l’IEDM a esquissé un graphique le situant entre les défenseurs des libertés sociales et des libertés économiques, embrassant ainsi les idées de la doctrine libertarienne. Selon M. Kelly-Gagnon, le credo des libertariens est en accord avec les principes de démocratie et de liberté individuelle absolue. «Ils [les libertariens] veulent une liberté économique, un État minimal et défendent le concept de vivre et laisser vivre», explique-t-il.

M. Kamel Beji, professeur au Département des relations industrielles, a vivement réagi à cette vision de l’économie. «L’économie ne se fait pas sur un graphique», a-t-il plaidé. M. Beji a critiqué la schématisation facile d’une discipline faisant partie des «sciences sociales» et la position «pour ou contre l’État» de M. Kelly-Gagnon.

Néanmoins, M. Kelly Gagnon croit que la majorité des Québécois adhèrent au libertarianisme, eut égard à leur histoire particulière. Pierre-Esprit Radisson, un coureur des bois français du XVIIe siècle, et héros personnel du conférencier, représente le mieux, à ses yeux, cette liberté d’esprit des Québécois. «Les coureurs des bois ne répondaient ni aux gouverneurs, ni aux rois. C’est une mentalité qui a suivi l’histoire du Québec. Si une personne comprend ça, elle va pouvoir réformer notre système et ainsi faire contrepoids aux conservateurs», souligne-t-il.

L’indépendance de l’IEDM
L’IEDM est financé à 100 % par des donateurs privés, étant donné son statut d’organisme privé non partisan et sans but lucratif. Cette situation pose la question de sa réelle indépendance, mais son président répond que l’organisation est à son image : intègre. «Je peux vous jurer sur mon honneur que j’ai toujours été indépendant. Nos opposants essaient de prétendre que l’on est des marionnettes, ce qui est totalement faux», se défend-t-il. Pour illustrer ses propos, M. Kelly-Gagnon donne l’exemple de deux accrochages que l’IEDM a eu avec les dirigeants de Bombardier et d’Alcan, deux entreprises contribuant au budget de l’organisme, à la suite d’articles critiques. Sa réponse a été sans détour dans les deux cas : «Je leur ai dit F… you».

Lorsqu’on lui demande si l’augmentation des dépenses publiques est la solution pour stimuler l’économie, l’ancien président de la Chambre de commerce de Montréal pense que, combiné à la hausse de la masse monétaire, ces actions sont mal avisées, et qu’au contraire, elles vont contribuer à la prolongation de la crise. Il juge qu’au lieu d’investir des milliards pour «sauver les millionnaires», il serait plus pertinent de «mettre de l’argent pour les baisses
d’impôts».

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