Apparences trompeuses

Pendant près d’un mois, un recherchiste à l’emploi de la CADEUL a répertorié les principaux classements universitaires mondiaux réalisés chaque année et en a évalué les méthodes de classification. Les palmarès étudiés sont le Academic ranking of world universities, le Times higher education  world university rankings et le QS World university rankings pour l’année 2011-2012.

Bien que la CADEUL estime que les indicateurs utilisés pour classer les universités « sont pertinents et représentent bien les dimensions de la mission d’une université », elle émet des réserves sur les systèmes de mesure. « Ces derniers, souvent peu nombreux, ne dressent qu’un portrait partiel et subjectif  de la qualité de la performance d’une université », peut-on lire dans le document de 23 pages.

Les autorités universitaires abondent dans le même sens que la CADEUL. Michel Jacques, adjoint au vice-recteur du vice-rectorat exécutif et au développement, notamment responsable de la gestion de ces classements, avoue que l’Université Laval prend quelque peu à la légère les classements mondiaux, qu’il juge « imprécis et subjectifs ». « L’Université Laval ne fournie aucune données [aux représentants] de ces classements qui contactent l’université », a-t-il fait remarqué.

Notons que certains classements ne contactent tout simplement pas les universités et qu’ils utilisent des sondages de réputation pour déterminer le classement, un procédé remis en question par la CADEUL et M. Jacques. D’autres classements, comme le Times higher education, lorsqu’ils ne recoivent aucune donnée d’une université, ne la classent tout simplement pas.  « Si vous ne voyez pas l’UL dans le classement du Times, ce n’est pas parce que nous ne sommes pas dans le top 400 », a spécifié M. Jacques.

L’un des principaux classements, et dans lequel l’Université Laval est passée de la 271ième au 316ième rang dans la palmarès 2011-2012, le QS world rankings of university rankings, s’appuie à 50% sur des sondages de réputation. Un de ceux-ci est adressé aux employeurs alors que l’autre est adressé aux membres de la communauté universitaire. Mais il n’y a pas de frontières et chaque université, qu’elle soit en Chine ou au Québec, est basée sur les mêmes critères, ce que Michel Jacques déplore. « Les pratiques administratives des universités ne sont pas les mêmes partout », explique-t-il.

De plus, dans les sondages de réputation du QS, pour celui des employeurs, 13,1% des 16 000 répondants proviennent de l’Inde alors que seuls 1,5% sont du Canada. « Ils ne tiennent même pas compte que les gens soient susceptibles ou non de connaître l’Université Laval », s’insurge-t-il. « Quand on a vu la décote, on a demandé pourquoi. Et 75% de la décote est attribuable à l’influence du sondage des employeurs », ajoute M. Jacques.

L’avis de la CADEUL qui sera déposé aujourd’hui n’a aucune visée politique. Il cherche plutôt à informer la population universitaire qu’il ne faut pas se fier aux apparences et « qu’il faut être prudent avec les classements », selon le vice-président à l’enseignement et à la recherche pour la CADEUL, Martin Bonneau. Le document sera disponible pour quiconque voudra le consulter. 

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