Retour sur discours d’ouverture de Jean Charest à l’Assemblée nationale

Charest attaqué de toute part

«Je dis dès à présent que les décisions, orientations et politiques que j'énoncerai aujourd'hui s'inscrivent à l'intérieur du cadre financier très rigoureux que nous avons établi il y a un an», a expliqué Jean Charest avant de présenter les cinq priorités de son gouvernement pour l’avenir du Québec. L’éducation est en tête de la courte liste, suivie par l’emploi, le développement durable, la maîtrise de nos ressources et la santé.

M. Charest a annoncé dans son discours plusieurs mesures pour que l’éducation au Québec demeure d’une aussi bonne qualité qu’en ce moment. Ainsi, l’ajout d’ordinateurs portables et de tableaux intelligents pour tous les professeurs en est un exemple. De plus, l’apprentissage intensif de l’anglais dès le primaire s’étendra au Québec en entier d’ici cinq ans.

Au niveau universitaire, M. Charest parle du fait que nous possédons un des plus grands centres étudiants en Amérique du Nord, mais que nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers. «Autour de nous, les sociétés se mobilisent pour renforcer leurs institutions universitaires. Sur ce défi en particulier, c'est tout le Québec qui doit s'unir et réagir.»

Jean Charest estime que tous les acteurs sociaux se doivent de faire leur part. Le gouvernement provincial a injecté près d’un milliard de dollars dans le financement des universités québécoises depuis 2003, moment de l’arrivée au pouvoir des libéraux. C’est un effort important, mais il croit que sans l’apport de tous, notre système universitaire ne pourra pas rayonner de toute la puissance dont il est capable. «Nous allons tous y participer: le gouvernement y contribuera encore davantage, le secteur privé y contribuera davantage, et les étudiants feront leur juste part.»

Réactions rapides

La Fédération étudiante universitaire québécoise (FEUQ) n’a pas fait attendre longtemps sa réaction au discours inaugural. Par voie de communiqué de presse, la FEUQ se dit très inquiète de la suite de la session parlementaire avec ce discours qui n’annonce rien qui vaille. «Ce que M. Charest a dit aujourd’hui, c’est qu’il allait augmenter l’endettement des étudiants et réduire l'accès aux [études] universitaires», a déclaré Louis-Philippe Savoie, président de la FEUQ.

La fédération clame que le gouvernement ignore les étudiants et rappelle les 70 millions de dollars supplémentaires du fédéral, possiblement détourné de l’éducation : «Si le gouvernement avait eu réellement à cœur d’aider les étudiants, s’il tenait vraiment à repartir sur une bonne base, il aurait respecté l’engagement pris en chambre par M. Béchard et Mme Courchesne en bonifiant les prêts et bourses. Au lieu de cela, il ignore, comme il le fait depuis son arrivée au pouvoir, les étudiants.»

La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) a également déploré que le gouvernement se concentre sur l’endettement de la population étudiante. Léo Bureau-Blouin, président de la FECQ affirme que «les jeunes du Québec n’avaient pas d’attentes, et n’en auront pas plus de ce gouvernement après ce discours».

La Table de concertation des étudiants du Québec (TaCEQ) abonde dans le même sens que les autres associations nationales. Elle critique la position du gouvernement qui, selon elle, brime l’accessibilité aux études par la hausse des droits de scolarité. «Les propositions du gouvernement actuel ne sont ni équitables, ni durables, surtout lorsqu’on sait que 700 000 emplois seront disponibles d’ici 3 ans et que 70 % de ceux-ci nécessiteront un diplôme d’études techniques ou un baccalauréat», assène Joël Pedneault, vice-secrétaire général de la TaCEQ.

La conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ) se réjouit toutefois de l’attention particulière que le gouvernement accorde à l’éducation. La CREPUQ espère que les orientations annoncées par le gouvernement dans le discours se reflèteront sur le budget annoncé prochainement.

L’opposition officielle a quant à elle critiqué le gouvernement libéral en disant que son chef n’a fait que fuir ses problèmes et tenté «d’hypnotiser» les Québécois. «Les mesures annoncées par Jean Charest dans le secteur de l'éducation, quoiqu’intéressantes, ne règlent par le principal problème», estime Pauline Marois, chef de l’opposition officielle.

L’Action démocratique du Québec (ADQ) a également répliqué par voie de communiqué jeudi matin. Gérard Deltell, chef de l’ADQ, estime que les familles québécoises sont les grandes oubliées de M. Charest et Mme Marois.

L’Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic (AQRP), affirme qu’il n’y a pas assez de mesure pour les aînés dans le discours de M. Charest. On peut toutefois dire que le premier ministre a annoncé la mise en place d’un avantage fiscal pour les personnes de 65 ans et plus qui veulent rester au travail.

Encadré : annonces de Jean Charest

– j’annonce la création d'un fonds spécial qui investira pour encourager nos entreprises culturelles et nos artistes à mener des projets majeurs sur la scène internationale.

J'annonce que chaque classe de chaque école du Québec sera dotée d'un tableau blanc intelligent et que chaque professeur sera muni d'un ordinateur portable.

J'annonce que le gouvernement investira pour renforcer la fierté et l'appartenance liées aux équipes interscolaires. Toutes les écoles secondaires publiques du Québec auront les ressources pour améliorer les équipements d'entraînement et doter leurs équipes d'uniformes que les élèves seront fiers de porter.

J'annonce que les élèves de 6e année du primaire consacreront la moitié de leur année à l'apprentissage intensif de l'anglais. 

J'annonce que des formations au civisme seront implantées dans toutes les écoles et que toutes les écoles du Québec devront être dotées de codes de vie centrés sur le respect de la personne, de l'autorité du professeur et des directions d'école.

J'annonce que mon gouvernement proposera un avantage fiscal aux personnes de plus de 65 ans qui désirent rester au travail ou retourner en emploi.

Crédit photo : Claudy Rivard.

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