Des militants au sein des grandes associations et fédérations étudiantes seraient victimes de menaces physiques et verbales de façon récurrente.

« Des menaces sur une base régulière »

Cette idée que l’intimidation pouvait faire partie du paysage commun des luttes étudiantes est apparue dans la foulée de la tempête médiatique qu’a suscitée le suicide de cette adolescente de 15 ans.

L’ex-président de la Fédération collégiale étudiante du Québec (FECQ), Alexandre Ducharme, a écrit un texte particulièrement interpellant sur sa page Facebook. «Vous m'avez encerclé en gang, crié après, craché dessus et poussé quand j'étais président de la FECQ », écrivait-il dans un passage.Lorsque contacté, Alexandre Ducharme n’a pas voulu commenté ses propos.

Peu de dénonciation

Sans être systématique ni une pratique commune, l’intimidation ferait un certain nombre de victimes chaque année au sein des mouvements étudiants. Ces actes se traduiraient principalement par des menaces à l’intégrité physique et le harcèlement psychologique. Malgré cela, peu d’étudiants dénoncent leurs agresseurs.

Merlin Trottier-Picard, vice-président de la FECQ en 2008 et actuel président du comité de mobilisation contre la hausse des frais de scolarité à l’Université Laval, évoque quelques raisons pour lesquelles les étudiants ne sont pas prêts à dénoncer. Parmi ceux-ci, il évoque la campagne actuelle contre la hausse de 1625$ des frais de scolarité. « Il y a plusieurs personnes qui ne veulent pas en parler maintenant pour ne pas dévier le débat principal qu’est celui de la hausse des droits de scolarité », a-t-il expliqué lorsque rencontré lundi. « Ils ne veulent pas que les médias mettent l’accent sur l’aspect négatif des mouvements étudiants », ajoute-t-il.

Du côté de la FEUQ, le vice-président Yanick Grégoire a contacté une ancienne militante et victime de violence physique et verbale. La victime a refusé de témoigner, estimant « qu’elle ne voulait pas replonger dans cette histoire et qu’elle était passée à autre chose », a fait savoir M. Grégoire.

De vieilles querelles

Par ailleurs, les querelles qui créent des tensions les entre associations étudiantes ne sont pas nouvelles et ont un historique assez vaste. « Si tu lis des livres sur l’histoire du mouvement étudiant au Québec, ça démontre que [les tensions] datent de bien avant les années 2000 », raconte M. Trottier-Picard.

Parmi les cas les plus récents cependant, notons la grève étudiante de 2005. Le mouvement de contestation contre la coupe des 103 millions de dollars dans le régime de prêts et bourse du gouvernement Charest avait gagné un certain momentum mais a donné lieu à d’importantes divergences d’opinions entre les associations étudiantes.

À l’époque, la FECQ, la FEUQ et la Coalition l’association syndicale pour une solidarité étudiante élargie (CASSÉE), luttaient côte à côte contre ces coupures.

Le 21 février 2005, la grève générale illimitée est déclenchée. Après six semaines de grève, la FECQ et la FEUQ établissent une entente de principe avec le gouvernement. Cette entente est cependant refusée par la CASSÉE, avec qui la gouvernement refusait de négocier suite à des évènements survenus en mars, soit une occupation des bureaux du ministère de l’Éducation. « Ca a vraiment créé un gros clash », estime Merlin Trottier-Picard. Au final, 110 000 étudiants ont voté pour l’entente de principe, contre 75 000.

Bien qu’il estime que la campagne contre la hausse des frais de scolarité déclenchée cette année et qui se poursuivra en 2012 pourrait éventuellement créer des tensions, Merlin Trottier-Picard juge que la situation est différente de celle de 2005.

D’ailleurs, pour éviter des épisodes de tension comme ceux de 2005, les associations étudiantes, dont l’ASSÉ, la FECQ, la FEUQ et la TaCEQ, ont toutes signées une clause de solidarité dans le cadre de la manifestation nationale du 10 novembre dernier qui a rassemblé 30 000 étudiants devant les bureaux du premier ministre à Montréal.

Crédit photo : Claudy Rivard

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