Retour sur la remise à David Suzuki d’un doctorat honoris causa en communication vendredi le 28 janvier

Doctorat Honorifique… oui, mais…

L’ambiance de la salle remplie à craquer autant par des personnes curieuses de voir qui était cet homme qui avait le pouvoir de sauver la planète que par les nombreux médias bourdonnant un peu partout dans le théâtre.

« J’apprécie les doctorats honorifiques parce que pour de nombreuses années, ce sont les universitaires qui ont critiqué mon travail et aujourd’hui, je leur dis merci d’au moins dire que ce que j’ai fait n’était pas la mauvaise chose. » David Suzuki fait partie de ceux qui ont été malmenés au début de leur carrière. Il se dit chanceux de finalement recevoir les honneurs qui lui sont donnés.

Le septuagénaire explique que tous ces honneurs sont très appréciés, mais qu’il éprouve de la difficulté à comprendre la mentalité des gens qui viennent pour le voir. «Cela me fait vraiment mal lorsque les gens viennent me voir pour me dire : ‘’Merci pour ce que vous faites’’. Parce que c’est comme si, tant que je suis là, ils n’ont pas à se soucier des vrais problèmes.» M. Suzuki souligne qu’il n’a pas le pouvoir d’un groupe et malgré tout ce qu’il fait par lui même, il ne peut pas gagner la bataille à lui seul.

Il dit bien que la raison pour laquelle il est allé en télévision était afin de procurer aux auditeurs les informations et les outils nécessaires afin qu’ils puissent comprendre mieux et qu’ils puissent agir par eux même. «Je voulais donner du pouvoir à la population, mais au lieu de cela, c’est la population qui m’a donné du pouvoir. Je ne voulais pas ça! Parce que je ne suis qu’une seule personne.»

David Suzuki fustige aussi le gouvernement fédéral qui n’a rien fait depuis cinq ans au niveau environnemental. Il cite les instances gouvernementales avec une certaine ironie. Pour aider l’environnement, on a besoin de beaucoup d’argent donc d’une économie forte. Mais l’opinion du gouvernement est aussi qu’aider l’environnement détruira l’économie. «Nous en sommes vraiment à la 59e minute», dit-il alors qu’il explique que même en cessant complètement les émissions de CO2, il faudrait des centaines d’années pour revenir «à neuf».  

Les traditions universitaires étant ce qu’elles sont, c’est au pavillon Palasis-Prince, sur la scène du Théâtre de la cité universitaire bondée de doctorants et d’autres éminents membres de la communauté universitaire, que David Suzuki s’est levé pour entendre les honneurs qui lui étaient attribués pour ce 23e doctorat honorifique. Les honneurs sont cités entre autres par le recteur de l’Université Laval, Denis Brière et Monique Richer, secrétaire générale de l’Université. David Suzuki écoute. Les mains croisées, la tête légèrement inclinée, il semble humble devant cette liste qui n’en finit plus de s’allonger.

Pour couronner le tout, on annonce à la fin de cette tirade honorifique à l’endroit du docteur en communication que The Guardian, journal britannique de renom, a nommé David Suzuki environnementaliste de l’année. Rien pour ne pas rougir.

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