Les étudiants à la maîtrise et au doctorat sont conscients que l’écriture de leur thèse ou de leur mémoire requiert énormément d’effort et de travail. Dans un dossier paru la semaine dernière dans le Journal de Montréal, plusieurs étudiants ont cependant affirmé devoir travailler dans un climat insoutenable et que cela les menait au bord de la dépression à la fin de leur parcours.
Selon des étudiants d’un peu partout au Québec, la situation la plus courante est celle d’un directeur absent, voire impossible à rejoindre. À l’Université Laval, le taux de satisfaction des étudiants à l’égard de leurs études et de leur relation avec leur superviseur est plus élevé que celui de la moyenne canadienne (sondage pancanadien de satisfaction des étudiants aux cycles supérieurs). Malgré cela, plus de 170 étudiants lavallois, dans un sondage publié l’automne dernier, ont dit ne recevoir qu’une à deux rétroactions par année de la part de leur directeur. Pour illustrer la situation, une étudiante affirme n’avoir reçu qu’un commentaire de sa directrice de thèse qui disait « ton document a une belle épaisseur » et ce, après un an de travail.
L’Association des étudiant(e)s de Laval inscrits aux études supérieures (AELIÉS) estime qu’il faut remettre le tout en perspective afin de ne pas généraliser la situation : « C’est un enjeu avec lequel on travaille quotidiennement. La situation est préoccupante, mais pas catastrophique », a expliqué le président de l’AELIÉS, Pierre Parent Sirois.
De son côté, l’Union étudiante du Québec travaille depuis deux ans sur cette problématique et devait présenter, cette fin de semaine, le fruit de sa recherche ainsi que les mesures envisagées aux associations étudiantes membres de l’UEQ. « On connaissait déjà la situation. Plusieurs personnes nous ont écrit, nous avons reçu plusieurs témoignages à la suite de l’article qui a été publié » a déclaré le président de l’Union étudiante du Québec, Simon Telles.
Encadrer la relation étudiant-directeur
Autant pour l’UEQ que l’AELIÉS, il est primordial qu’une entente de collaboration écrite soit rédigée et signée par les deux partis avant même que la relation d’encadrement débute. Les règles de propriété intellectuelle, les attentes, le financement, le suivi et les rétroactions sont des points importants à discuter et à indexer à une éventuelle entente de collaboration entre l’étudiant et le directeur ou la directrice. Simon Telles et Pierre Parent Sirois sont d’avis que cette façon de faire améliorera grandement le travail à la maîtrise ou au doctorat pour tous les étudiants.
Au courant des prochaines semaines, l’AELIÉS devrait rendre publique la deuxième partie de son rapport, qui se penche spécifiquement sur la question. « La deuxième partie du mémoire, qui consiste à faire l’analyse des données qualitatives et des commentaires, sera certainement pertinente pour l’Université qui a entamé le travail de mise à jour de sa Politique d’encadrement des étudiants à la maîtrise avec mémoire et au doctorat », a ajouté Andrée Stewart, porte-parole de l’Université Laval, dans un échange de courriel avec Impact Campus.
De plus, Mme Stewart a expliqué que l’Université avait présentement un outil qui permettait à l’étudiant et au directeur de s’entendre sur les modalités de la relation d’encadrement dès ses débuts. « Les étudiants nous ont partagé leur satisfaction à son égard. Rendre cette pratique obligatoire est une avenue qui fait partie de notre réflexion », a-t-elle ajouté.
Plus de formation
Une autre solution invoquée autant par l’Université Laval que par les associations étudiantes est celle d’une formation obligatoire pour les professeurs engagés dans un projet de thèse ou de mémoire. « Les formations sont facultatives en ce moment, mais les professeurs n’y vont pas en raison de leur charge de travail », a évoqué le président de l’Union étudiante du Québec.
L’Université offre présentement une formation d’accueil « lors de laquelle nous exposons les obligations générales du professeur », mais étudie présentement la possibilité de rendre cette formation obligatoire à tous les professeurs engagés dans une relation d’encadrement.
Bref, comme c’est le cas avec les professeurs et les infirmières, il faudra redonner du lustre aux programmes de maîtrise et de doctorat afin que les étudiants soient motivés à emprunter cette avenue.