L'institut économique de Montréal croit qu'il faut ouvrir le marché du taxi, suscitant la grogne des chauffeurs.

Faut-il libéraliser le marché du taxi à Québec?

Les chauffeurs de taxi affirment devoir travailler fort pour gagner leur vie et cela, entre autres, en raison du coût élevé du permis pour le véhicule de taxi causé par la rareté des permis délivrés par le gouvernement du Québec. Selon l’étude, aussi appelée note économique, de Germain Belzile, directeur de la recherche à l’IEDM et Vincent Geloso, étudiant à la London School of Economics, si le gouvernement abolissait la limite du nombre de permis, leur valeur diminuerait, ce qui réduirait les dettes des chauffeurs.

D’après l’étude, la Commission des transports du Québec (CTQ), qui régit ces permis, n’a pas haussé le nombre d’enregistrements de taxis depuis 1997. Les auteurs croient qu’il s’agirait de la raison pour laquelle les droits pour conduire un taxi peuvent s’élever jusqu’à 200 000 $ dans les plus grandes agglomérations. Dans la ville de Québec, dont le quota à respecter est de 629 véhicules, le coût du permis avoisine plutôt les 160 000 $. «C’est un processus qui existe dans la plupart des pays», explique le responsable des communications à la CTQ, Guy Maillote. «Cette rareté sert à conserver la valeur du marché du taxi dans une agglomération. L’utilisateur peut vendre son permis dès qu’il quitte le marché. Le quota est représentatif des possibilités de rentabilité pour un chauffeur», ajoute M. Maillote. Les compagnies de taxis peuvent toutefois faire appel à la société FinTaxi qui finance l’obtention de permis ou de véhicule.

Les coopératives de service de taxis de Québec ne sont pas d'accord avec les résultats de l’étude de Belzile et Geloso. Elles accusent ces derniers d’y avoir analysé seulement la situation de Montréal. «À Québec, on ne manque pas de taxis. Si on se mettait à émettre plus de permis, chaque chauffeur gagnerait moins, faute de clients. C’est une règle logique», croit le directeur des relations publiques de TaxiCoop Québec 525-5191, Jean-Pierre Genest. «C’est aussi difficile de comprendre comment une libéralisation de la loi aiderait les taxis de Montréal, car il y en a trop», avance-t-il. Mourad Ouali, président de la coopérative Taxi-Québec, croit aussi qu’augmenter le nombre de taxis à Québec enlèverait du travail aux chauffeurs et que le potentiel de revenu chuterait.

Abolir la grille tarifaire
Selon la note de Belzile et Geloso, le temps d’attente et les tarifs sont trop élevés parce que le nombre de taxis n’a pas suivi la croissance de la demande et un démantèlement de la grille tarifaire réglerait ce problème.  L’arrivée de la concurrence sur ce marché régulariserait les tarifs à la baisse et augmenterait la qualité du service.

Pour appuyer leur propos, les chercheurs ont donner l’exemple de quelques pays ayant libéralisé leur réglementation. Ils ont constaté que le nombre de taxis des villes d’Irlande avait quadruplé à la suite de l’abolition des quotas. Le temps d’attente a diminué et les tarifs sont devenus plus compétitifs grâce à une grille tarifaire qui ne détermine que les montants maximaux. Les villes de la Nouvelle-Zélande ont suivi le même scénario: leur gouvernement a fait réforme, puis les tarifs ont diminué de 15 à 25%.

Cependant, la situation de ces pays serait bien différente, selon les services de taxis de Québec, qui rejettent également l’idée d’abolir la grille tarifaire fixe. «Peut-être qu’une réforme a fonctionné en Irlande, mais ont-ils droit à des subventions? Ici, on n’a pas de pénurie de taxis et les clients sont impressionnés de la vitesse du service», affirme Jean-Pierre Genest. Selon les deux services de taxis interrogés, le salaire des travailleurs souffrirait beaucoup de la disparition de la grille tarifaire. «Certains travaillent de 12 à 14 heures par jour pour un maigre 100 $. Imaginez ce qui leur arriverait si on enlevait les tarifs fixes», déplore Mourad Ouali de Taxi-Québec.

Le ministère des Transports, qui n’avait pas étudié la publication de l’IEDM, a refusé de prendre position.

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