Forces armées et développement inuit

De prime abord, la pierre angulaire du discours tenu par le Parti conservateur a été la souveraineté du Canada. Avec les ressources mondiales de carburants fossiles en baisse, le vaste territoire peu exploré  du Nord canadien représente un atout économique très intéressant. C’est donc en grande pompe que le premier ministre a assisté à la mission Nanook 10, un déploiement militaire voulant prouver l’aisance des Forces armées canadiennes dans cette région inhospitalière.

Cette démonstration venait à point, des avions russes ayant été récemment interceptés par les forces aériennes canadiennes à 30 miles nautiques ( 55,6 km ) de la côte nationale. L’opération se veut non seulement intimidante, mais aussi rassurante. Harper déclarait en anglais que « […] la réalité de la souveraineté n’est pas vraiment de défendre les frontières du Nord contre des ennemis imaginaires. C’est plutôt l’enjeu plus tangible de faciliter la vie des habitants de cette région, d’assurer que les militaires et d’autres agences peuvent travailler dans ces conditions, que ce soit pour des missions de recherche et de sauvetage ou le nettoyage d’un déversement de pétrole. »

Harper a aussi annoncé des investissements dans les infrastructures militaires.  Par exemple, la construction d’un imposant brise-glace polaire, le John G. Diefenbaker, en l’honneur du 13e premier ministre du Canada, et le développement de nouveaux satellites Radarsat de la série Constellation. Le prix exact pour le navire de la Garde côtière devrait être connu l’an prochain et  l’Agence spatiale canadienne a déjà annoncé un contrat de 40 millions de dollars pour les satellites, ces dépenses étant nécessaires à « la protection et la promotion de la souveraineté canadienne sur le Nord, notre Nord » selon M. Harper.

L’économie dans le désert blanc
Outre les faits d’armes, le premier ministre a aussi souligné l’importance du développement économique de cette région. Plusieurs spécialistes ont publié des rapports sur les conditions de vie des autochtones et les conclusions sont alarmantes. C’est sur cette note que le premier ministre a dévoilé la construction de 323 logements sociaux au Yukon, le tout dû pour mars prochain. On a aussi  promis aux habitants du Grand Nord la réfection de l’aéroport de Churchill, un projet qui pourvoirait des emplois pour trois ans. L’établissement d’un nouveau centre de recherche de classe mondiale à la baie de Cambridge fait aussi partie des projets visant à guérir l’économie déficiente des Territoires. Pendant ses discours, Harper ne s’est pas retenu pour souligner la reprise économique, laissant voir un avenir prospère pour l’ensemble du pays.

Côté environnemental, plus de 1800 km² dans la mer de Beaufort, près de l’estuaire du fleuve Mackenzie, deviendront le parc marin Tarium Niryutait. On a souligné l’importance de la préservation de l’environnement, surtout pour la pérennité du style de vie des Premières Nations, pour qui la chasse représente encore une bonne partie de leur subsistance.

Pour leur part, les leaders municipaux ont mis l’accent sur le développement des technologies de l’information pour soutenir leurs communautés. Selon eux, il est nécessaire à l’économie, à l’éducation et à la santé d’offrir des moyens de communications efficaces et rapides. Ils ont souligné l’importance de rendre accessible toute l’année les communautés les plus éloignées. La  préservation de leur culture fait partie des priorités présentées dans leurs rapports au premier ministre.
C’est avec la promesse de revenir que M. Harper a conclu son voyage des Territoires. Bien qu’il nie tout agenda politique derrière ce périple, plusieurs spécialistes s’entendent pour dire que les conservateurs gagnent à organiser ce genre d’activités. Les implications économiques et sociales donnent une image positive, ce qui devrait rejoindre une grande partie des Canadiens et Canadiennes.
 

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