Gare à toi, Peter Brant

 

Si j’étais Peter Brant, homme d’affaires excentrique, milliardaire collectionneur d’art et époux d’une top modèle américaine, je commencerais à être inquiet. Je n’aurais pas peur physiquement pour ma survie, mais je n’aimerais pas savoir que le coloré maire de Québec, Régis Labeaume, est à mes trousses et qu’il ne lâchera pas le morceau avant d’avoir obtenu ce qu’il veut.  

Régis, un gars comme tout le monde selon ses dires, se dit à même de se mettre à la place des travailleurs et ne dérougira pas de colère tant et aussi longtemps que M. Brant ne changera pas d’attitude envers les ex-employés de la papeterie White Birch. C’est tout à l’honneur du maire, qui dénonce les pratiques de l’employeur américain.

C’est facile de dire que la situation que vivent les 600 ex-travailleurs de la White Birch n’a pas de bon sens. Mais il faut maintenant montrer un peu de conviction et passer de la parole aux actes. J’espère, qu’à l’instar d’un Colisée de Québec, la population de la Capitale-Nationale saura appuyer 600 familles dont l’avenir n’est pas très rose à court terme. Je ne crois pas me tromper en disant que l’argent est probablement l’un des facteurs de stress les plus importants pour chacun de nous, et que nous avons pour la plupart connu des périodes plus difficiles.

Mais c’est un peu au maire que revient cette responsabilité, que de rassembler les troupes. C’est à lui, et bien sûr au syndicat des ex-employés, de mobiliser une population complète derrière un principe, celui d’une population qui ne laisse personne derrière. Notre étiquette de gros village, il serait peut-être temps de l’utiliser à bon escient.

C’est possible, mais ce ne sera pas facile, et force est d’admettre que l’idée d’aller dans la rue ou de se prononcer n’est pas aussi motivante que lorsque l’amphithéâtre de Québec était à l’enjeu. Est-ce que la condition de vie de 600 familles vaut davantage la peine qu’un amphithéâtre ? Je ne veux pas connaître votre réponse à la question, mais se la poser peut peut-être éclairer quelques lanternes. Sans vouloir être trop moralisateur, si vous jugez qu’un aréna vaut davantage la peine… ouin !

S’il a été capable de faire appliquer le projet de loi 204 et donc de partir en croisade contre un système aussi gros que le système judiciaire québécois, ce n’est pas un milliardaire de pacotille qui fera peur à Régis. Et bonne nouvelle, des solutions sont envisagées par le maire. Advenant la mise en vente de l’usine, Régis Labeaume croit qu’une coopérative formée des anciens travailleurs pourrait voir le jour, avec possiblement coup de main de la Ville de Québec. Pour l’instant cependant, M. Brant aurait l’intention de vendre à Black Diamond, une compagnie appartenant à son fils. Le maire invite également les travailleurs à envoyer, malgré la fermeture définitive, leur contre-proposition à celle proposée par l’employeur.

Bref, c’est le temps là, pour le maire, d’utiliser son caractère bouillant qui fait son succès et attire ses détracteurs à la fois. Je préfère voir un maire soutenir l’économie de sa ville et aller dans les tranchées pour subvenir aux besoins de sa population. Le projet de loi 204 était une forme de tranchée, mais disons que la mission ne revêt pas une partie de plaisir comme l’a pu l’être la marche bleue par exemple. La situation actuelle est possiblement une occasion pour le maire de démontrer sa volonté de travailler sur des dossiers plus sérieux pour sa ville. Certes le développement économique via des infrastructures favorisant le divertissement, c’est du sérieux, mais la perte de 600 emplois dans une ville de 600 000 habitants, c’est une petite tragédie à laquelle il faut remédier.

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