La Confédération des associations d’étudiants et étudiantes de l’Université Laval (CADEUL) motive sa position contre la hausse des frais de scolarité par une étude dévoilée lundi dernier. Menée par les économistes Oscar Calderon et Jules Bélanger, celle-ci jette un éclairage nouveau sur les décisions budgétaires provinciales.

La CADEUL s’appuie sur les chiffres

 

Suite au référendum d’octobre 2011 sur sa position face à la hausse des frais de scolarité, la CADEUL a mandaté un organisme indépendant, l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), afin qu’elle produise une étude établissant le «portrait global des coûts de l’Aide financière aux étudiantes et étudiants» (AFE).

Les résultats fournissent un puissant contre-discours à la CADEUL. En effet, ils présentent la hausse des frais de scolarité comme une dépense supplémentaire pour le contribuable québécois.

Les chercheurs ont d’abord chiffrés l’apport des droits de scolarités au financement provincial. Lors de l’année universitaire 2008-2009, les étudiants universitaires ont fournis 564 millions de $ sous ce poste de dépense. Cependant, seulement 54 % de la facture, soit 304,6 millions de $, était remboursée par les étudiants québécois, le reste étant déboursé par les étudiants provenant des autres provinces canadiennes ou de l’étranger.

Ce montant réservé aux étudiants québécois aura plus que doublé en 2016-2017. Il aura alors atteint la somme de 665 millions de $.

D’après M. Calderon, ces chiffres «auront une répercussion sur l’accessibilité aux études, car c’est la perception des coûts, et non les coûts réels, qui fonde le choix de l’étudiant d’entreprendre ou non des études universitaires».

Ensuite, l’intérêt des économistes s’est tourné vers l’AFE. Tenant compte de la hausse des bourses, des intérêts versés aux institutions financières et des frais d’administration, l’IRÉC estime que la hausse des frais de scolarité entraînera une augmentation des coûts de l’AFE se chiffrant entre 118 et 135 millions.

Si on ajoute à ce chiffre les crédits d’impôts supplémentaires (57 millions) qui seront consentis aux étudiants en 2016-2017, le coût brut pour le gouvernement atteint 192,5 millions.

Comme le gouvernement réduira de 35% ses subventions aux universités, le coût net de la hausse des frais de scolarité pour les contribuables québécois sera de 76,5 millions.

Le président de la CADEUL, Sébastien Harvey, critique le manque de rigueur du «Plan de financement des universités équitable et équilibré» présenté par le gouvernement Charest en affirmant que «leur position est idéologique plutôt qu’économique».

Bien que la gratuité scolaire ne soit pas officiellement défendue par la CADEUL, l’étude s’est tout de même intéressée aux coûts qu’elle engendrerait pour les contribuables québécois. L’estimation qui en ressort (entre 176 et 405 millions de $) est peu précise mais permet, selon M. Calderon, d’illustrer le fait que «le coût supplémentaire pour le gouvernement n’est pas substantiel, alors que les répercussions sont importantes pour les étudiants. C’est une infime fraction du budget du Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS).»

M. Harvey appelle à une action étudiante massive via une manifestation à Québec le 23 février, et une autre le 22 mars à Montréal, afin de dénoncer «l’injustice de la hausse des frais de scolarité.»

«Nous serons unis, nombreux et déterminés», précise-t-il.

La CADEUL écarte toute possibilité de grève centralisée, désirant respecter la compétence des associations facultaires.

Crédit photo : Claudy Rivard

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