Selon Jean-Yves Duclos, professeur au Département de sciences économiques et chercheur au Centre interuniversitaire sur le risque, les politiques et économiques et l’emploi (CIRPÉE), les étudiants universitaires québécois ne seront pas touchés, à court ou moyen terme, par la période de récession qui sévit depuis quelques années.

La crise épargne les étudiants

Selon M. Duclos, les étudiants universitaires sont mieux protégés en raison de leur niveau d’étude plus élevé. « Les crises mondiales affectent le chômage des gens qui ont moins de formation ou les travailleurs qui sont déjà sur le marché de l’emploi », explique-t-il.

Selon M. Duclos, le marché du travail au Québec et au Canada est actuellement favorable à l’arrivée d’une nouvelle génération de travailleurs. Le vieillissement de la population, souvent vu comme un futur fléau pour les programmes sociaux, aura aussi du bon, soit un nombre important de postes à combler dans tous les secteurs d’activité. « Les salaires seront plus élevés et les conditions de travail seront meilleures », prévoit M. Duclos. Mais une question demeure : ces salaires plus élevés et ces conditions de travail supérieures balanceront-ils avec la hausse des contributions que devront apporter les citoyens québécois pour payer ces programmes sociaux ?

« Nous n’avons pas encore toutes les projections d’ici 20 ans pour savoir à quelle hauteur la dette fiscale de l’État québécois sera élevée avec le vieillissement de la population», explique M. Duclos, ajoutant au passage qu’une étude permettant de déterminer de telles données est actuellement en cours au CIRPÉE. « Nous pourrons avoir une meilleur idée au courant des prochains mois », évalue-t-il. Chose certaine, M. Duclos croit que les générations futures ne pourront bénéficier des mêmes avantages que les générations antérieures.

Par ailleurs, M. Duclos croit qu’il y a une importante réflexion sociologique à avoir de la crise financière et plus particulièrement en ce qui concerne les fonds de retraite. « Il y a 8-9 ans, la valeur des fonds de retraite était en hausse », explique le professeur. « Plutôt que de laisser augmenter la valeur et d’économiser, les entreprises ont versés des primes importantes au départ de certains employés et ont vidés les fonds de retraites, laissant ces derniers déficitaires », ajoute-t-il.  Au final, ce sont les entreprises privées qui se retrouvent à ne plus être en mesure de payer ces fonds de retraite sans pouvoir les regarnir, à moins de sabrer dans les effectifs de l’entreprise ou encore dans les conditions de travail. « Les entreprises privées ne peuvent pas taxer davantage leurs employés », conclut M. Duclos.

Points de vue étudiants

Les étudiants québécois semblent relativement lucides quant à la question du vieillissement de la population et de ses conséquences sur le portrait de société du Québec.

Julien Ross, étudiant en relations industrielles à l’Université Laval, ne prévoit pas être touché par la crise financière, mais estime que les jeunes travailleurs vivront difficilement le vieillissement de la population. « Je crois que notre génération va être hypothéqué dans le futur à cause de l'endettement créer par les baby boomers », affirme-t-il, en ajoutant que les frais de santé allaient exploser dans les années à venir.

Un point de vue qui n’est cependant pas partagé par Nicolas Thibault, étudiant en anthropologie, qui croit que ce ne sont que « des histoires que l'on conte pour faire peur aux enfants avant de se coucher ». 

Crédit photo : Claudy Rivard

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