La démocratie est morte, vive la démocratie !

Les faits

WikiLeaks, via son fondateur Julian Assange, a annoncé que l’organisation cessait ses activités temporairement faute de ressources financières. L’équipe concentrera ses énergies sur des levées de fonds dans une tentative de regarnir les coffres de l’organisme à but non lucratif pour poursuivre leur mission.

Depuis le 7 décembre 2010, un blocus monstre organisé par des géants financiers tels que Bank of America, Western Union, Visa, PayPal et MasterCard, empêche les donateurs de l’organisation de transiger via leurs plateformes bancaires. Résultat ? WikiLeaks a perdu 95% de son soutien. Le blocus a été mis en place en raison d’attaques contre les serveurs de Visa et Mastercard par Anonymous en réaction à des documents diffusés par WikiLeaks.

Au final, des banquiers et des entreprises de fonds prêtables ont pris la décision de retirer le droit aux citoyens de soutenir la cause qu’ils désirent. On a décidé, sous prétexte que WikiLeaks représente un danger pour la pérennité du profit, de bloquer le financement ou du moins le moyen le plus facile de supporter la cause d’Assange.

Le concept de WikiLeaks, rappelons-le, est simple : donner le pouvoir à la population de dénoncer les magouilles, les fraudes, les malversations, les crimes. WikiLeaks est un procédé démocratique fort, présentement opprimé par le capitalisme, par des monstres de la finance.

Des squelettes dans le placard ?

Claude Béland ajoutait lors de son entrevue aux Francs Tireurs que le but premier de nos sociétés actuelles, du moins du point de vue économique, était le profit, et que le profit. « Ce n’est plus simplement du capitalisme, c’est de l’ultra-libéralisme » a-t-il dit. Et si, pour faire plus de profits, les compagnies peuvent se donner le droit d’étouffer un outil de transparence, on ne peut que s’inquiéter et corroborer les propos de M. Béland.

Quand on pense que la moyenne salariale d’un directeur de banque tourne autour de 12 à 15 millions de dollars, on peut se demander où ils trouvent la légitimité de commettre de tels actes. Selon Claude Béland, au Canada, certains dirigeants de banque touchent 176 fois plus cher que la moyenne salariale de la dite banque.

Certes, WikiLeaks a pu se montrer un outil controversé. Il peut, selon ses détracteurs, compromettre des données sensibles du gouvernement, des opérations militaires ou placer des individus devant des faits pouvant nuire à leur image. Mais malgré ces critiques, personne n’a pu coincer WikiLeaks dans un procès à ce jour, même pas une des plus grandes institutions financières suisses, Julius Bär (2009).

Bref, force est d’admettre que l’organisation rend de fiers services aux citoyens depuis son apparition en décembre 2006 et a éclaboussé, avec raison, des dirigeants, des militaires et des citoyens qui ont commis des actes répréhensibles.

Le témoignage de Claude Béland, que nous pouvons maintenant considérer comme une force tranquille, en était un choc. La démocratie est morte, vive la démocratie !

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