Photo : Danika Valade

Université du troisième âge : L’âge d’or pour apprendre

Il existe, au cœur même du campus de l’Université Laval, une communauté d’étudiants bien particuliers. Ils ne viennent pas à l’école pour décrocher un diplôme. Ce sont déjà des ingénieurs, infirmiers, enseignants et travailleurs. Leur point en commun : ils sont tous âgés de plus de 50 ans et assoiffés d’apprendre. Bienvenue à l’Université du troisième âge de Québec (UTAQ).

Depuis plus de 30 ans, l’UTAQ, rattachée au Programme de la formation continue, offre une vaste sélection de cours à cette tranche de la population de la région de Québec. Les curieux qui s’aventureront jusqu’au quatrième étage du Pavillon Paul-Comtois pourront voir ces vétérans à l’œuvre, bien que les cours se donnent dans plusieurs pavillons. Aujourd’hui, on compte plus de 3500 de ces étudiants qui se répartissent entre quatre campus.

Pour une centaine de dollars par session, ces sempiternels écoliers bénéficient de cours menés par des pédagogues chevronnés issus du cégep et de l’université, certains eux-mêmes retraités. Le spectre entier des disciplines universitaires y est offert : tant l’histoire que la physique, pharmacie, science politique, musique… Elles y sont toutes.

La formule d’enseignement elle-même est novatrice. Il n’y a pas de devoir, pas d’examen, pas de crédit ni de diplôme. Les étudiants n’ont donc pas la même pression de performer et peuvent s’épanouir sans souci.

L’idée derrière cette institution vient d’abord d’outre-mer. C’est à Toulouse en 1973 que le professeur Pierre Vellas fonde la première université du troisième âge, pour combler le désir d’apprendre et le temps perdu des retraités. Très rapidement, l’initiative se répand en France puis en vient à conquérir le globe. Au Québec, la première UTA a été créée à Sherbrooke en 1976, suivie de près par celle qu’on retrouve aujourd’hui ici à l’Université Laval.

Qui étudie à l’UTAQ?
Photo : Danika Valade
Photo : Danika Valade

Impact Campus a rencontré une classe de ces étudiantes et étudiants pour connaitre leurs impressions.

Nicole et Diane, infirmières à la retraite, en sont à leur quatrième session. Ce qu’elles apprécient de ce modèle d’apprentissage, c’est qu’il vient toucher à des centres d’intérêts qu’elles n’auraient pas pu toucher autrement. « Ça nous permet d’accéder à des connaissances qu’on a jamais eu le temps d’apprendre. On a donné toute notre vie et on reçoit maintenant. »

Donald, lui, met l’accent sur l’aspect curiosité, entre autres quant à l’apprentissage des sciences de la nature. « Ça n’a pas rapport avec ma carrière. Je peux m’inscrire à tout plein de cours qui ne nécessitent pas de formation préalable. Tout ce que j’ai mis de côté pendant les trente dernières années, je peux y retourner avec un niveau d’enseignement qui est incomparable. »

Pour Jacques et Diane Vézina, c’est l’occasion de partager un moment entre frère et sœur. Ils témoignent eux-aussi du bien fondé du modèle. « Sans examen, j’peux pas pocher mes cours », dit M. Vézina avec le sourire. Pour eux, ce sont les profs qui changent la donne. « Les enseignants sont disponibles, répondent à nos questions et connaissent le fond de leur matière. »

Ils renchérissent sur l’aspect social qu’offrent ces cours. « C’est bien plus qu’un cours en ligne ou un programme à la télévision. On a la chance d’avoir des professeurs compétents devant nous. On vient ici interagir. Ça nous garde actifs et au courant de ce qui se passe dans notre société. »

Qui y enseigne?

Gilles Barbeau, professeur à la Faculté de pharmacie de l’Université Laval, enseigne le cours Histoire des grands médicaments cette session à l’UTAQ. Après une longue carrière d’enseignement et de recherche à Laval, il a pris sa retraite en 2000. De retour depuis 2006, il enseigne maintenant simultanément à la Faculté de pharmacie pour les jeunes et à l’UTAQ pour ceux qu’il prénomme « ses vieux ».

La différence entre enseigner aux jeunes et aux personnes âgées, pour lui, est énorme. « D’abord, les personnes qui s’inscrivent à l’UTAQ, ce sont des gens qui viennent pour se cultiver. Ils font le choix de venir apprendre et posent davantage de questions. À l’opposé, les étudiants réguliers en pharmacie absorbent la matière, ils ont une vision souvent axée sur le résultat, ils veulent savoir ce qu’il y aura à l’examen. »

Seulement la façon de présenter la matière change d’un groupe à l’autre : « À l’UTAQ, on peut y aller par plus d’anecdotes et moins de chimie, on peut faire des liens avec la littérature, l’histoire et l’art. Les personnes âgées amènent leur bagage, leurs expériences et leurs connaissances qui sont bien différents de ceux des jeunes », explique-t-il. Pour lui, enseigner à l’UTAQ, c’est carrément une expérience de « détente »!

Quelques chiffres

Fondée en 1983

3500 étudiants

Plus de 7000 inscriptions par an

3 sessions par année

100 choix de cours par session

4 campus : Ste-Foy, Lévis, Montmagny et Charlesbourg

60 enseignants issus du milieu universitaire et collégial

Consulter le magazine