« L'uranium: Richesse ou cadeau empoisonné? »

Le musée de la civilisation de Québec, tenait un débat sur l’exploration uranifère au Québec. Discutant de plusieurs enjeux tant économiques qu’environnementaux ou sociaux, les quatre panélistes tentaient dans leurs propos d’informer le public quant à la situation actuelle des recherches sur l’exploitation de l’uranium comme source d’énergie.  

Le débat du 9 novembre dernier, télévisé et présenté par l’Association Francophone pour le Savoir mettait en scène le docteur en géologie Normand Goulet et la directrice à la Commission canadienne de sureté nucléaire Patsy Thompson, tous deux en faveur de l’utilisation d’uranium au Québec. D’un autre côté, il mettait en scène le docteur en médecine Isabelle Gingras, qui est aussi la porte-parole des médecins du Québec qui demandent un moratoire sur  les mines d’uranium, et le docteur en physique nucléaire Michel Duguay, aussi professeur à l’Université Laval. Ces deux panélistes exprimaient quant à eux leurs doutes face à l’exploitation de l’uranium en sol québécois.

Parmi les nombreux enjeux débattus, la santé de la population, l’environnement, le risque d’accident, le danger pour les générations futures et l’application d’un moratoire furent ceux qui engendrèrent le plus de discussions. En effet, d’un côté, les panélistes qui étaient pour l’exploitation de l’uranium tentaient de prouver par plusieurs résultats d’études que cette exploitation n’était aucunement dommageable pour la santé humaine et que les déchets miniers pouvant causer du tort à l’environnement étaient gérés de manière efficace. Ils tentaient aussi de convaincre le public que les risques d’accident étaient improbables étant donné la surveillance et l’inspection constante des mines d’uranium et que comme tout emplois serait constamment surveillé et géré, il n’y aurait aucune conséquence pour les générations futures. Ils expliquaient aussi que l’imposition d’un moratoire ferait en sorte de ralentir l’exploitation d’une énergie propre qui donne une alternative au mazout ou au charbon.

D’un autre côté, les panélistes étant pour l’imposition d’un moratoire concernant l’utilisation des mines d’uranium au Québec  mettaient en valeur le fait qu’il n’existait pas assez d’étude sur les risques pour la santé humaine, ou que ces études n’avaient pas été faites sur une période assez longue.  Ils mettaient aussi en doute l’efficacité des pratiques de gestion des résidus miniers,  et remettaient en question le risque « improbable » d’accidents nucléaires, en invoquant par exemple les accidents survenus à Tchernobyl ou à Three Miles Island. Ils s’inquiétaient aussi de l’effet des radiations sur les générations futures et appuyaient leurs convictions de résultats de plusieurs études menées au cours des dernières années. Pour eux, la mise en place d’un moratoire permettrait d’effectuer d’autres études, afin de mieux comprendre les enjeux de l’énergie uranifère et ainsi décider du sort de cette industrie au Québec, qu’ils ne croient pas nécessaire.

Somme toute, ce qui peut être retenu de ce débat est que la question de l’exploitation de l’uranium au Québec sera encore, au cours des années à suivre, sujette à débat. Les spécialistes ne s’entendant pas sur le sujet et les enjeux étant importants, on peut s’attendre à ce que les deux cents mines d’uranium présentement en exploration au Québec n’ouvrent pas leurs portes de sitôt.

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