Portrait brossé sur les gaz de schiste au québec depuis 2007

Mise à Jour

Depuis 2007, plusieurs débats sont en cours concernant l’exploitation du gaz de schiste au Québec. D’une part, on argumente qu’il s’agit d’une énergie alternative qui permettra non seulement de dégager un bénéfice économique pour le Québec, mais aussi de diminuer des gaz à effet de Serre. Selon Martin Imbleau, à l’exploitation et aux projets majeurs chez Gaz Métro, «on éviterait l'émission de 125 000 tonnes de gaz à effet de serre en remplaçant seulement 20% du gaz importé par du local». Il existerait aussi un autre potentiel de réduction de 2.3 millions de tonnes de gaz à effet de serre si on remplace le mazout par des gaz naturels, comme le gaz de schiste.

Pour d’autres, l’exploitation du gaz de schiste est soumise à une démarche trop rapide. Plusieurs associations demandent à ce que plus d’investigations soient faites quant aux différents impacts de l’industrie sur l’environnement, sur l’économie ou sur la santé publique avant d’aller de l’avant. Plusieurs demandent aussi l’établissement d’un cadre légal strict pour ce qui est des activités liées à la production de gaz de schiste.

Lors d’une audience de novembre du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), en novembre, une question a été soulevée : « A-t-on besoin de ça maintenant ? ». La pertinence de l’industrie du gaz de schiste étant mise en doute par plusieurs, l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique a proposé une « feuille de route » en quatre points qui permettrait de déterminer s’il est « souhaitable que le Québec s’engage ou non dans la production de gaz de schiste ». Ce plan permettrait, d’ici 2014, une évaluation environnementale stratégique et rigoureuse de l’industrie du gaz de schiste. Entre temps, la « feuille de route » propose un moratoire sur tout nouveau permis d’exploration et l’abolition par l’Assemblée nationale de la préséance de la Loi sur les mines. L’évaluation de la situation serait soumise au BAPE qui déterminerait ensuite si, et à quelles conditions, le feu vert pouvait être donné.

L’industrie du gaz de schiste ayant prouvé maintes et maintes fois ses effets néfastes chez nos voisins du sud, notamment sur l’eau, il est certain que plusieurs citoyens mettent en doute la pertinence de mettre sur pied cette industrie, au Québec. Plusieurs associations, sans fermer la porte à une future exploitation du gaz schiste, demandent un temps de réflexion.

Pour Nature Québec et STOP, deux organismes œuvrant dans la protection de la qualité de l’environnement au Québec, l’urgence d’exploiter le gaz de schiste n’est présente que pour les actionnaires. Les deux organismes constatent que «la décision gouvernementale de procéder, malgré l’évidence des problèmes soulevés, est uniquement liée à une analyse économique d’opportunité commerciale de la part de l’industrie.» Selon ces organismes, la société québécoise ne profiterait d’aucun avantage lié au développement de l’exploitation du gaz de schiste.  

Selon ces derniers et pour plusieurs autres, il est donc primordial qu’un moratoire soit instauré afin de permettre une étude approfondie qui couvrirait tous les aspects (notamment l’impact sur l’eau) qu’aura le développement de l’industrie du gaz de schiste au Québec.

Malgré le fait que plusieurs organismes, associations et citoyens demandent ce moratoire, le gouvernement du Québec ne semble pas pressé d’en mettre un sur pied. Pierre Arcand, ministre du Développement durable, ne croit pas que l’avancement de l’exploration et de l’exploitation du gaz de schiste au Québec soit précipité. Il ne croit pas non plus que son gouvernement s’empresse d’aller de l’avant. Il assure aussi que le gouvernement Charest ne s’est pas laissé prendre par les études favorables des promoteurs du gaz de schiste. Il insiste sur les profits importants que pourrait engendrer l’industrie et est convaincu qu’il y aura sous peu, au Québec, exploitation de gaz de schiste. Monsieur Arcand n’est cependant pas en mesure d’affirmer que cette industrie n’engendrera aucun risque pour l’environnement ou la santé publique.

Le BAPE doit rendre son rapport sur le gaz de schiste en février prochain, ce qui déterminera l’avenir de l’exploitation de ce gaz naturel dans la province. Pour l’instant au Québec, 28 forages ont été effectués et 109 permis de recherche de gaz naturel et de pétrole ont été attribués à 12 sociétés d’exploration.

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