Monde religieux : l'art de s'informer

Depuis quelques années, l'image des musulmans du monde entier a la vie dure. Les attentats du 11 septembre 2001 ont dégradé constamment l'opinion publique envers l'islam. Bien que cette réalité soit pourtant très mal fondée, les effets sont nombreux : campagnes anti minarets à la fin de 2009 en Suisse et maintenant en Autriche; loi française contre la burqa dans les lieux publics et débats similaires au Québec, mobilisation contre le projet d'une mosquée près de «Ground Zero» aux États-Unis, etc.

Certes, dans un monde où la démocratie prime, l'opinion et le droit de parole ont leur place. Cependant, lorsque celles-ci sont fondées sur une compréhension tordue ou biaisée de la réalité, leur crédibilité est à douter. Le problème : la désinformation. Lorsque celle-ci est de mise, les jugements de valeur et les préjugés peuvent faire déraper l'opinion des gens. Mal informé, il est facile de déformer la foi et la religion d'un voisin. Résultat: des confrontations mal fondées (rhétorique de sourds, vandalisme, etc).

Pour bien saisir les effets de la désinformation ainsi que l'importance de s'informer, prenons en exemple ce que l'on appelle en islam la « sharî'a » (ou charia). Dans la pensée populaire, la sharî’a est souvent associée à tord à des prescriptions juridiques très strictes, à une loi implacable impliquant des peines très sévères. Il n’est pas rare d’entendre ou de voir des propos associant la sharî’a à la violence et à la haine. Parfois, elle est maladroitement associée à un système juridique qui limite la liberté des musulmans, mais surtout celle des femmes.

Pourtant, de telles visions de sa nature sont extrêmement réductrices. Tout d’abord, sharî’a signifie en arabe « voie ». Dans un sens plus religieux, le terme se rapporte à une « voie vers Dieu », car tel est le but de tout musulman. Ainsi, la sharî'a initie les musulmans à une manière de vivre qui est à la faveur de Dieu. Elle concerne un ensemble de rituels, de principes, d'exhortations et de loi relié au culte divin. Elle guide le croyant à une vie vertueuse en communauté et elle le guide dans un cheminement le menant vers Dieu. Elle est un mode de vie. Le droit n'est donc qu'un élément parmi d'autres. Ainsi, la nature de la sharî'a est bien différente de ce que peut croire la majorité de l'Occident. Comme bien des concepts religieux, la sharî'a est plus complexe et nuancée que l'on peut croire. Avant de porter jugement, il est donc important de s'informer et d'aller un peu plus loin que le bout de son nez!

Pour toute question sur le phénomène religieux, adressez-vous au centre de ressources et d'observation de l'innovation religieuse, un service de l'université : www.croir.ulaval.ca

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