Je lisais ce matin sur les sites d’information qu’une étude réalisée par un centre de recherche de gauche prévoyait que les compressions fédérales allaient rayer de la carte entre 60 000 et 68 000 emplois dans la fonction publique canadienne. Sur le coup on peut toute de suite dire que les estimations étaient sûrement à la hausse vue l’allégeance politique du centre de recherche, et que d’empirer les choses était sûrement une stratégie de communication prédéterminée. Il faudra vérifier avec un centre de recherche neutre.

Mort à la fonction publique

 

Mais bon, à quel point les chiffres ont-ils été gonflés ? Si, grosso-modo, ce sont la moitié moins d’emplois, donc environ 30 000, qui seront coupés, est-ce que ce serait réellement moins pire ? En général, les employés de la fonction publique reçoivent un salaire intéressant et se situent, à moins d’exceptions, dans la classe moyenne.

Ceci étant dit, le gouvernement de Stephen Harper essaie de favoriser la création d’emplois et de soutenir l’économie « canayenne ». Mais attention, pas n’importe quel type d’emploi. Les emplois en région et dans le secteur privé seront favorisés. La fonction publique, les appareils gouvernementaux, on coupe dans le gras et pas à peu près.

Je ne suis pas un économiste de formation et ne suis donc pas en mesure de représenter une expertise dans le domaine. Mais le fait de supprimer 30 000 employés de la classe moyenne revient à dire que nous coupons un pouvoir d’achat important. C’est de la logique.

La moyenne salariale des employés de la fonction publique canadienne était de 45 000$ en 2009-2010. Combien font 30 000 x 45 000 ? Réponse : 1,35 milliards de dollars. Certes l’impact pourrait être minime pour l’économie du pays, mais cette décision va dans le sens contraire du plan de relance économique de Stephen Harper. Pour stimuler l’économie, il faut commencer par la base, les ménages. Un emploi reste un emploi, qu’il soit public ou privé, et une perte d’emploi reste une perte d’emploi, qui s’inscrit dans le même taux de chômage qu’il soit public ou privé. Remanier la fonction publique, peut-être. Repenser le système, ok. Licencier des travailleurs pour sauver de l’argent. Quand un dirigeant d’entreprise coupe des emplois, on cri au scandale et on le traite de sans-cœur. Mais dans ce cas-ci, comme on coupe dans la fonction publique, aaaah, pas de problème, la population ne va pas s’en contrarier plus qu’il ne le faut.

Les anti-fonctionnaires se délectent

Ceci dit la décision risque de faire plusieurs heureux, la campagne de salissage de la fonction publique étant très efficace. D’ailleurs les fonctionnaires sont pratiquement devenus des têtes de turcs dans certains médias de la province. On peut le comprendre, puisque selon les données de 2009, qui à l’époque avaient été diffusés par La Presse, ce sont près de 16%, soient 42 050 des 250 000 fonctionnaires qui gagnaient dans les six chiffres. 

Évidemment, l’article de La Presse mettait l’accent sur ces 16%, question d’enrager monsieur madame tout le monde qui travaille pour un petit pain. Ces maudits fonctionnaires et leurs fonds de retraite. De voir que les fonctionnaires paient maintenant le prix de leurs abus, il y a de quoi se délecter pour les anti-fonctionnaires. Quoi de mieux quand on méprise quelqu’un, que de le regarder se casser la gueule.

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