L’immersion totale dans un milieu francophone imposée à David Smith n’a aucune garantie de réussite

Peut-on apprendre en trois mois ?

La semaine dernière, le porte-parole de l’institution, Maxime Chagnon, a déclaré que M. Smith aurait une sabbatique de trois mois pour une immersion complète, sans donner plus de détails.

Zita De Koninck, professeure titulaire du département de Linguistique de l’Université Laval spécialisée dans l’acquisition d’une langue seconde, estime qu’il est très difficile d’évaluer les chances de réussite sans connaître les modalités du programme que suivra M. Smith. Ces modalités, la Caisse de dépôt et placement du Québec n’a pas voulu les faire parvenir au journal lorsque contactée lundi.

« Quelqu’un peut être en immersion totale, voire en submersion et ne rien apprendre. C’est ce qui arrive aux gens qui partent en voyage en espérant devenir bilingue en peu de temps mais qui ne profitent guère de leur situation de bain linguistique », affirme Mme De Koninck.

Le nombre de facteurs pouvant influencer l’acquisition d’une langue seconde est par ailleurs très élevé, à savoir que les aptitudes personnelles telles que la motivation, le style cognitif, l’attitude ou l’anxiété peuvent jouer un rôle sur l’apprentissage selon Mme De Koninck. « Tout dépend du genre d’encadrement que recevront ces personnes », résume-t-elle.

1500 heures de cours

Quant à Kim McInnes, président d’Ivanhoé Cambridge, il devra suivre un cours intensif de trois mois. Or, un trois mois intensif représente 425 heures de cours, un total nettement insuffisant pour être fonctionnel dans l’exercice d’une profession aussi importante que celle de M. McInnes.

Selon Zita De Koninck, dans un cadre institutionnel, dans le domaine de l’enseignement et apprentissage, on estime à 1500 le nombre d’heures de cours nécessaires pour devenir fonctionnel dans une langue seconde.

« La compétence langagière de nature académique d’une personne qui exerce une profession suppose l’accès au discours explicatif. Le professionnel doit être en mesure d’expliquer, de discuter, d’argumenter, de prendre position, ce qui prend beaucoup plus de temps », explique Mme De Koninck.

L’enquête suit son cours

Par ailleurs, du côté de l’Office québécois de la langue française (OQLF), impossible d’obtenir plus de détails sur les programmes que suivront les deux cadres de la Caisse de dépôt. « L’enquête est en cours », s’est contenté de dire Martin Bergeron, responsable des relations de presse.

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