La manifestation contre le budget Bachand et contre la hausse des droits de scolarité avait lieu à Montréal le 12 mars

Sous l’enseigne de l’équité sociale

C’est avec le slogan «Un budget équitable, une question de choix!» que plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans les artères du centre-ville de Montréal pour dénoncer la hausse des tarifs ainsi que la privatisation des services publics proposés par le prochain budget du Québec.

Le budget qui sera présenté le 17 mars prochain par le ministre des Finances, Raymond Bachand, vise un retour à l’équilibre budgétaire en 2013-2014 et semble annoncer une sévère coupe dans les dépenses des programmes sociaux, en plus notamment de l’implantation en 2012 d’une taxe santé et de la hausse des droits de scolarité.

Samedi dernier, à Montréal, une grande manifestation contre ce budget s’est organisée sous le chapeautage de l’Alliance sociale et de la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics. Selon les organisateurs, l’événement a rassemblé plus de 55 000 manifestants venus de partout au Québec et surtout associés à près de 150 organisations syndicales, communautaires, étudiantes, féministes, populaires et écologistes. La marche a débuté à la Place du Canada et s’est poursuivie jusque devant les bureaux du premier ministre. Les porte-parole de diverses organisations dont la FTQ, la CSN, la FECQ et la FEUQ ont alors fait part à la foule d’un message exigeant du gouvernement des décisions plus socialement équitables qui tiennent compte d’une meilleure distribution de la richesse. Les grands enjeux soulevés ont touché notamment à la gratuité et l’accessibilité aux soins de santé, à l’égal accès à une éducation de qualité et à l’égalité entre les hommes et les femmes. «J’invite le gouvernement à trouver des solutions qui permettront de partager la richesse et la solidarité du Québec» s’est exclamé Michel Arsenault, président de la FTQ. Parmi ces propositions, présentées comme progressistes et réalistes, les organisations en place ont suggéré entre autres l’augmentation de l’impôt sur le revenu des personnes les plus riches, le resserrement de la fiscalité des entreprises, particulièrement celle des minières et des banques, l’abolition de la taxe santé et le gel des frais de scolarité.

Cette dernière revendication a particulièrement touché certains étudiants et étudiantes venus pour l’occasion: «la hausse des frais de scolarité représente un fardeau financier supplémentaire. Je dois faire plus de sacrifices et je m'endette» a partagé l’une d’elles. Une note d’information produite par la FEUQ et la FECQ et publiée deux jours avant la manifestation abondait dans le même sens, en démontrant l’impossibilité pour les parents des étudiants universitaires d’absorber une nouvelle hausse des frais de scolarité. L’étude précise que «40% des étudiants universitaires ne reçoivent pas l’aide nécessaire de leurs parents et plus encore reçoivent une aide qui ne couvre même pas leurs frais de scolarité.» Un étudiant de l’Université Laval a quant à lui fait valoir l’éducation comme un fondement de la société québécoise: «les étudiants, c'est l'avenir du Québec. On est les prochains travailleurs, les prochains chefs d'entreprise. Quel métier ne demande pas une éducation? Couper dans l'éducation va décourager des jeunes qui ont moins d'argent. Ce sera alors un vrai gaspillage de talent.»

Pour favoriser la participation à la manifestation, l’Association des étudiants en sciences sociales a pris différents moyens : «on a mobilisé trois autobus afin de permettre le transport gratuit à Montréal aux étudiants de notre faculté et des autres. C’est important de dénoncer la hausse des frais de scolarité qui auront un impact désastreux sur l'accessibilité aux études. L’accès à l’éducation est un principe de justice sociale que l'on ne peut pas perdre au Québec et c’est important que les étudiants soient là pour protester et faire connaître leurs opinions sur le sujet» a partagé Paul-Émile Auger, coordonnateur de cette mobilisation.

La manifestation s’est généralement déroulée sans incident, sauf pour une dizaine d’arrestations faites avant le début de la marche.

Consulter le magazine