Critique sur la situation dans les urgences québécoises

Trop calme à l’urgence

Marie-France Bazzo et Mario Dumont déblatéraient jeudi matin à l’émission de radio matinale de Paul Arcand C’est bien meilleur le matin sur la crise dans les urgences de Montréal. Je me suis surpris à être bien d’accord avec eux (pour une fois). Comment se fait-il que la période suivant les Fêtes, au cœur de l’hiver québécois (ou ce qu’il en reste), soit un moment où la peur guette ceux qui doivent se rendre à l’urgence? Le pire est de croire que c’est normal.

L’urgence est engorgée dans tous les hôpitaux du Québec et tout ce que nous trouvons à dire est que c’est normal. Que c’est la période de l’année. On va même jusqu’à faire de blagues : «hey tombe pas malade là, tu vas mourir au bout de ton sang!». Est-ce que c’est un sentiment d’urgence ça? Sûrement pas! En fait, pour être témoin d’un vrai sentiment d’urgence, on devrait peut-être aller au McDonald dans une heure de rush ou au Tim le lundi matin.

Quand on est capable de nous annoncer que nous allons être traités à telle heure dans l’après-midi du lendemain, c’est ça qu’on appelle de l’efficacité dans le domaine de la santé au Québec. Par-dessus tout les gens ne s’en offusquent même pas. Pour choquer les gens, il faut que quelqu’un meure! Sinon ça ne vaut pas la peine.

Au début du mois de décembre, un collectif anarchiste a distribué dans des boîtes aux lettres une lettre écrite au nom du Premier ministre du Québec. Remerciant la population de sa compréhension et de son approbation muette, «Jean Charest» pousse le bouchon jusqu’à ne compter sur rien d’autre que «l’obéissance et la fidélité pour surmonter les obstacles». Cette lettre, rien d’autre qu’un canular, envoyait tout de même un message important. Les Québécois doivent se réveiller pour faire changer les choses.
Triste chose : on ne s’attend plus à rien. Le gouvernement Charest a déclaré forfait devant les salles d’urgence et dit : impossible. L’opposition n’est pas mieux. Quand ils pointent le bobo, on leur dit : c’était pire dans votre temps et c’est votre faute. Pas faux, mais pas intelligent non plus.

À un moment donné, il faut pointer. On doit identifier les problèmes. «Le ministre de la Santé se vante constamment qu'il suit quotidiennement la situation dans les urgences du Québec. Or, nous vivons présentement une situation de crise aiguë et le ministre de la Santé est particulièrement muet. Mais où est donc le ministre Bolduc quand nous avons besoin de lui?», a déclaré la députée de Taschereau et porte-parole du Parti Québécois en matière de santé, Agnès Maltais.

La gestion de la santé au Québec est un problème récurrent très difficile à régler, mais on doit vraiment se questionner quand on trouve normal qu’une période de l’année soit plus «dangereuse» à l’urgence.

Mario Dumont illustrait la situation de manière simpliste. Un magasin d’électronique ne va pas manquer de iPod au Boxing Day. Les magasins savent que les soldes d’après Noël sont une période intense. Ils se préparent en conséquence, font rentrer plus d’effectifs. Le système de santé doit gagner une perspective et doit être géré de manière à être efficace.

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