Le Théâtre de la Bordée, à la veille de sa 35e saison, organisait un grand gala d’ouverture pour fêter cet anniversaire.

35 ans et toutes ses dents

Animé par Jacques Leblanc, actuel directeur artistique du Théâtre de la Bordée, ce gala d’ouverture a fait courir samedi dernier presque tout le gratin du théâtre à Québec, mais aussi une petite centaine de spectateurs chanceux d’assister à l’évènement.

Tournant évidemment autour du théâtre, la soirée a aussi inclus, sur la demande de Leblanc, des manifestations des autres arts, musique et danse. Ainsi, Émilie Clepper et Dorothée Berryman, deux chanteuses originaires de Québec, se sont amenées sur les planches de la Bordée pour des présences apparemment appréciées, malgré des problèmes de son. Il en va de même pour le danseur Mikaël Xystra Montminy et son numéro intitulé « Pop then break it ». La partie classique du volet musical – la présence de cinq musiciens des Violons du Roy, et le doublé Lyne Fortin/Esther Gonthieravait cependant plus de gueule et apportait un complément bienveillant au programme.

Le plus gros morceau du gala restait le théâtre à proprement parler, avec des extraits des pièces marquantes au fil de ces 35 ans. Choix forcément subjectifs, et principe étrange : ce sont de véritables bulles théâtrales éphémères qu’on a pu voir et non du théâtre à son plein potentiel. Il ne faut cependant pas généraliser et admettre plutôt que les meilleurs moments de la soirée furent trois monologues brefs mais poignants, révélant partiellement le talent de ces acteurs : Hugues Frenette dans Hosanna de Michel Tremblay, Anne-Marie Olivier dans Gros et détail dont elle est l’auteure, et Lorraine Côté dans Phèdre de Jean Racine. Le reste était un peu plus conventionnel : on aurait aimé aimer l’extrait du Roi se meurt de Ionesco, mais Jean-Sébastien Ouellette, aussi touchant soit-il, ne parlait pas assez fort. Rien, cependant, en comparaison des deux premiers extraits de Roméo et Julien et T’es mieux de pas être malade à l’urgence, pièces des années 70, qui paraissaient naïfs, légers, voire superficiels, et qui démontraient que le Québec se cherchait encore à cette époque-là.

Ce gala d’ouverture, qui mettait en scène un nombre impressionnant de comédiens, nous a permis de connaître l’historique du Théâtre de la Bordée, photos à l’appui. Dommage, cependant, que l’ensemble nous soit apparu décousu, inégal et un peu broche-à-foin, avec des animations souvent maladroites et quelques moments de malaise évident. Heureusement, on sait que la programmation régulière de ce magnifique théâtre sera autrement plus relevée.

Crédit photo : Claudy Rivard

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