Au-delà du chiffon

Cinq filles avec la même robe est donc le récit d’une journée dans la vie de femmes nord-américaines qui vivent avec leurs joies, leurs déceptions et surtout leur cynisme. «C’est un humour noir, très baveux», explique l’une des comédiennes de la pièce, Joanie Lehoux. «C’est une pièce qui fait rire, mais avec une prise de conscience. C’est un peu en montagnes russes», soutient-elle.

Ces femmes, âgées entre 21 et 34 ans, semblent, chacune à sa manière, être en marge de la société. «Elles ne se sentent pas capables d’entrer dans le carcan que la société demande. Elles se rendent compte, en discutant, qu’elles ne sont pas seules à être mal à l’aise là-dedans, à ne pas vouloir ce rêve américain», précise la comédienne. Cette couleur à l’américaine a d’ailleurs été conservée dans la traduction québécoise, un aspect primordial, selon elle. «On a assumé le fait que les noms sont anglophones et que l’action se passe aux États-Unis parce qu’il y a certains passages qui contiennent une démesure qui, selon nous, n’est pas aussi forte au Québec», affirme l’artiste, en réfléchissant à voix haute.

Créé par l’auteur du film oscarisé American Beauty et de la télésérie à succès Six Feet Under, Alan Ball, le texte propose un regard mordant, parfois même cinglant, sur la société nord-américaine et les valeurs qu’elle transporte. Un thème dont Ball est en quelque sorte le «maître» et qu’il exploite dans cette oeuvre avec efficacité et profondeur, en élaborant des personnages féminins forts et diversifiés. «Ce n’est pas du tout une histoire à la Sex And The City. Ça ne tombe pas dans le superficiel, ce n’est pas la même dynamique», souligne la jeune actrice.

Féminiser le théâtre
Ainsi, cette création s’inscrit parfaitement dans la démarche adoptée par la troupe de théâtre Les Écornifleuses, dont les cinq comédiennes de la pièce sont les fondatrices. Joanie Lehoux et ses consoeurs, Laurie-Ève Gagnon, Marie-Hélène Lalande, Valérie Marquis et Édith Patenaude, désirent apporter une «nouvelle» vision féminine de la société à travers le théâtre. «Il n’y a pas beaucoup de rôles au théâtre pour les femmes. Nous, on veut faire des pièces de filles, avec des thèmes féminins, mais pas nécessairement féministes. On veut montrer la femme sous diverses formes», ajoute Joanie Lehoux, visiblement passionnée. Cinq filles avec la même robe pourrait donc marquer les débuts d’une longue contribution théâtrale de ces Écornifleuses.

Consulter le magazine