De la plaisanterie au succès

À une époque où l’art électronique délaisse les installations analogiques pour faire place au numérique, Laetitia Sonami se questionne sur son art, sur ce qu’il adviendra de ses performances. «J’étais vraiment embêtée! Je ne voulais pas que le public me regarde regarder mon ordinateur sur scène… ce n’est pas poli!», lance d’entrée de jeu l’artiste multidisciplinaire, pimpante, jointe à son domicile de Californie par téléphone.

Une chose prime  dans les réflexions de la Française : le mouvement. L’idée d’un gant qui contrôle les sons lui plaît. Une notion de supériorité, un peu pour dénoncer «les machos des arts électroniques qui ne sont pas conscients de la présence du public», explique-t-elle. Un, puis deux, puis trois gants naissent, toujours dans cette optique de gestualité, dans ce rapport entre le son et l’expression corporelle.  Aidée d’une entreprise d’Amsterdam, qui remarque ses travaux en 1990, Laetitia Sonami développera son Lady’s Glove, un gant complexe relié à un système informatique qui permet de produire des sons en fonction de ses propres mouvements. Un outil indissociable à la réputation de l’artiste, dont seule la mention du nom réfère automatiquement à cette création. «C’est un peu bizarre d’être toujours associée à ça parce que je fais d’autres choses! Mais j’ai un problème parce que je pense toujours au monde sonore en fonction du gant, ma performance musicale est liée au gant…», confesse-t-elle.

Ce Lady’s Glove, il sera à la Salle Multi le 14 février, dans le cadre du dixième Mois Multi. Pour An Historical moment on a line between A and B, Laetitia Sonami se sert de son corps et de son gant pour générer des sons par le mouvement. Une performance qui cadre pile avec les thématiques du festival cette année, les prothèses et les autres prolongements, puisqu’elle propose «une extension du corps réel dans le monde virtuel». «Mon corps devient une étape pour entrer dans le monde sonore que je crée, confie-t-elle. C’est un monde intime, le public ne doit pas s’arrêter à la prouesse technique… il doit se laisse porter.»   
 

Consulter le magazine