Des femmes et des coeurs

Célébrer la danse et la féminité : voilà ce qu’a voulu faire Margie Gillis avec M.Body.7, une idée qu’elle avait en tête depuis un certain temps déjà. «Ça faisait longtemps que je voulais faire un collectif de ce genre, mais ce n’est pas facile de rassembler tout ce monde. Je suis vraiment contente d’avoir finalement réussi à le faire. C’est un grand moment de communauté, c’est très touchant», explique la chorégraphe réputée pour sa longue et volumineuse tignasse.

Étant âgée de 11 à 72 ans, chacune des femmes évoluant dans ce spectacle est, en quelque sorte, la source de l’inspiration des solos que Gillis a créés. «Chaque solo est exécuté de façon propre à chacune d’elles. C’est très émotif, on y voit le talent et le cœur de toutes ces femmes», maintient cette créatrice toujours en quête de nouveaux défis. Plutôt habituée à des prestations en soliste, Margie Gillis assure qu’à l’approche de la soixantaine, elle croit encore pouvoir apprendre de cette passion de la danse qui l’anime depuis sa plus tendre enfance. «En vieillissant on accumule les expériences, on devient plus sage. Quand j’étais plus jeune, j’étais très sauvage. Ma sensibilité s’est raffinée avec le temps. Ce n’est pas terrible de vieillir, je dirais au contraire que c’est plutôt intéressant!» lance-t-elle, visiblement heureuse de son sort.

Ce rapport au temps est très présent dans le spectacle en raison, justement, de l’âge extrêmement varié des artistes qui sont sur la scène. Un échange d’expérience et de maturité fondamental qui est, pour Margie Gillis, à la base même de la création du spectacle. «Il s’agit d’un tableau magnifique des paysages intérieurs de chacune de ces danseuses, d’une individualité qu’il faut savoir respecter, à chaque niveau de vie, selon les expériences intellectuelles et physiques», soutient cette grande artiste.

Entourée de Anik Bissonnette et de la fille de cette dernière, Sandrine, 11 ans, ainsi que de Gioconda Barbuto, Holly Bright, Laurence Lemieux, Emily Molnar, Risa Steinberg et Eleanor Duckworth, Margie Gillis a su, de nouveau, faire progresser encore un peu plus le monde de la danse contemporaine. Un milieu qui, sans elle, ne serait définitivement pas le même au Québec, mais non plus ailleurs dans le monde. Cet art est, pour elle, une manifestation de la vie, de sa beauté et de ses difficultés. «Je trouve que la danse embrasse tout. C’est un témoignage de l’endroit où l’on est. On se doit d’être transparent afin de savoir utiliser toutes les sections de notre vie. J’adore mon métier!» s’exclame la danseuse avec une joie de vivre qui pourrait convaincre même les plus sceptiques.
 

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