Le cirque Canuel

Après la mort brutale de sa mère, Raymond (Huard) décide d’appeler sa sœur Angèle (Le Breton). À sa grande surprise, elle accepte de le rejoindre. Mais les dix années passées loin l’un de l’autre ont totalement effacé leur innocence enfantine pour laisser place à tous leurs pires défauts. Entre un Raymond obsédé qui fait la toupie humaine, une Angèle capricieuse et désabusée, et surtout, des cadavres qui s’empilent dans la cave, il va être difficile pour eux de garder intact leur amour.
C’est particulièrement l’ambiance lugubre du livre qui a poussé le réalisateur à prendre en main le projet. «C’est une atmosphère de cirque, avance Érick Canuel. Mais pas le gentil cirque, non, c’est plutôt celui où l’on rencontre les monstres de foire et qui oblige les parents à surveiller leurs enfants quand ils arrivent dans une ville. Cadavres est plus pour moi l’élaboration d’un show.»

L’homme avoue, sans complexe, que ce travail d’adaptation ne lui a pas vraiment posé de problème. Il explique qu’en fait, la tache la plus difficile a été de convaincre les producteurs de financer le film. Le caractère malsain et les sujets qu’il aborde ont été un frein pour son financement. Il déplore le fait qu’entre l’idée d’adapter le roman et le début du tournage, il s’est tout de même passé plus de trois ans.

Huard dans le coup
Patrick Huard est entré dans le projet par coup de foudre pour le personnage de Raymond. «Quand j’ai lu le scénario, j’ai tout de suite accroché sur mon personnage», confie-t-il. Il avoue tout de même ne pas avoir rigolé tous les jours pendant le tournage. Il se souvient surtout de la scène de la toupie. Il explique en garder un mauvais souvenir à cause de la vitesse à la quelle il devait tourner pour que ça rende bien à l’image. «J’en ai été malade!», lance-t-il.

Pour Julie Le Breton, s’approprier Angèle a été un tout autre travail. Elle souligne qu’interpréter un personnage si différent d’elle est un exercice difficile : «Il a fallu que je m’abandonne au personnage et que je retombe un peu en enfance pour retrouver cette spontanéité qui caractérise Angèle.» Les deux acteurs reconnaissent garder de bon souvenir du tournage et surtout de la complicité qui les a liés.

De nombreux projets sont en préparation pour Érick Canuel et les deux acteurs. Pour le réalisateur de Cadavres, un film d’horreur est en préparation. Pour Patrick Huard, se sera un retour derrière la caméra pour Funky Town, un film sur les années disco à Montréal. Quant à Julie Le Breton, elle a préféré ne pas trop en dévoiler, mais a tout de même confié qu’elle était en attente de plusieurs réponses pour de futurs rôles.

Entre humour et insanité

Glauque, malsain et humour caustique. Voilà les ingrédients qui ont servi pour la dernière réalisation d’Érick Canuel, Cadavres.

Après Bon cop Bad cop, Érick Canuel s’attaque à l’adaptation du roman de François Barcelo, Cadavres. Ce film baigne dans un univers malsain où défilent des personnages plus grotesques les uns que les autres. Certaines personnes seraient amenées à penser que cette joyeuse troupe est un mélange de stéréotypes mal employés mais, il faut bien l’avouer, ce sont eux qui apportent cette pointe comique indispensable pour coller à l’œuvre originale. Érick Canuel s’est efforcé de faire ressortir l’humour présent dans le roman. Cette tâche n’était pas une mince affaire, mais le résultat est plutôt convaincant.

Quant à la prestation des deux acteurs, il n’y a pas grand-chose à redire. Patrick Huard incarne avec justesse un Raymond perdu, torturé par l’amour un brin incestueux qu’il porte à sa sœur, et Julie Le Breton est la parfaite image de la sublime Angèle, infantile et émouvante.

Cadavres est un film qui ne laisse pas de sentiments mitigés. À la sortie de la projection, les réactions étaient soit enthousiastes, soit mauvaises. Sans concession dans son adaptation, Érick Canuel nous sert un film personnel qui mérite le déplacement, au moins pour se faire sa propre opinion.

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