Le dernier Noël d’Yvon Guimond

La veille de Noël, dans le creux d’un bistro de Montréal, Yvon Guimond se fâche contre cette maudite fête commerciale. Dehors, une fougueuse tempête de neige ensevelit la ville. L’homme de 62 ans raconte à la serveuse les souvenirs de ses Noëls d’autrefois, chaleureux, en famille, à l’église avec son père, où l’amour est à l’honneur plutôt que les cadeaux. Soudain, il décide de sortir dans la tempête pour traverser l’île et revisiter ses souvenirs lointains. À bord de son taxi commence une promenade exaltante explorant la mémoire du temps dévolu.

Yvon Guimond se rend à l’entrée du pont Pacifique qu’il traversait à pied avec son père vers Laval-des-rapides pour assister à la messe de minuit à l’église du Bon Pasteur, au bord de la rivière des Prairies. Accompagné de son père, des rois mages, d’un dromadaire, de l’âne, du boeuf, de Saint Joseph, de la Sainte Vierge, de Jésus et d’autres personnages, Guimond renoue avec son coeur d’enfant. Malgré le froid, le vent et la neige, ses pensées le guident jusqu’à la porte de l’église où le père Grégoire l’accueille comme jadis, l’invite à participer à une crèche vivante et à célébrer une fantastique messe de minuit, d’où le titre du bouquin, La dernière crèche.

Adaptation d’Alexis Martin (co-fondateur du Nouveau Théâtre expérimental) d’un texte radiophonique coécrit en 1994 avec Robert Gravel (co-fondateur du NTE et créateur de la Ligue nationale d’improvisation), ce conte pour adultes, empreint de nostalgie, trace le portrait d’un Noël d’autrefois caractérisé par des symboles religieux catholiques et fait surgir des personnages plus grands que nature.

Dans l’imaginaire de Guimond se déroule une quête de sens, une recherche du véritable et une rencontre avec le passé. Juxtaposant le réalisme à la fantaisie, les auteurs nous guident à travers une veille de Noël enneigée vers des fragments de souvenirs diffus des célébrations d’autrefois, à l’église et en
famille, où s’émerveillent les coeurs d’enfants.

La langue des auteurs est précise et voyageuse. L’utilisation du langage parlé crée des images fortes et construit un récit effeuillé, sans mot superflu. Le conte se lit d’un trait, en l’espace d’une heure, et nous plonge dans l’intimité du dialogue intérieur d’Yvon Guimond, ce qui nous permet de revivre avec lui les événements d’un passé magnifié.

Au fil du récit sont insérées des illustrations qui, tantôt grises, tantôt colorées, reflètent avec justesse le tourbillon de la tempête, des pensées, des souvenirs et des émotions racontés.

La dernière crèche
Alexis Martin et Robert Gravel
Éditions Style Libre
Les 400 coups

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