Profession : Slammeur

 

Renaud Pilote compare le slam à une partie de tennis en simple : «Si ça va

mal, c’est de ta faute, et c’est le public qui te renvoit la balle».

Photo: françois-xavier boulanger-nadeau

L’amour des mots a sonné au cœur de Renaud Pilote durant un long voyage d’un an en Europe et au Maroc. «J’écrivais des lettres de correspondance et je me suis rendu compte que j’aimais diriger un texte, confie celui qui n’écrivait alors que pour les travaux d’école et les professeurs. Ça m’a donné envie de tenter ma chance en littérature».

 

Cumulant un certificat en sciences politiques, en philosophie et en création littéraire, le slammeur découvre le champ d’exploration infini qu’est la poésie, une véritable «pâte à modeler de la création littéraire», dit-il. Puis, un soir, il monte sur scène pour réciter un de ses textes et la magie opère. «J’ai fait beaucoup de musique, j’étais un habitué de la scène, raconte-t-il. Mais lorsque j’ai lu ce texte, j’ai eu une illumination: au-delà du texte, il y avait un contrôle du public, des réactions, j’ai adoré».

Pas tout à fait de la poésie
C’est ainsi qu’il se lance dans la performance et l’art du slam, dans ce «rapport de séduction avec le public». Ce qui le charme, contrairement à la poésie, c’est que «ce n’est pas le public qui  doit entrer dans la bulle du poète mais bien le slammeur qui doit botter le cul du public, le faire réagir, aller chercher sa faveur», explique Renaud Pilote, qui s’est d’ailleurs mérité la troisième position au Québec lors de la grande finale de slam qui avait lieu l’année dernière, à Montréal.

Et les slammeurs ont tout à gagner à charmer les spectateurs car ce sont eux, les juges. À chaque séance, qui a lieu une fois par mois, à l’Agitée, cinq personnes du public, fans du mouvement ou complètement néophytes, sont appelés à évaluer les performances des artistes. «C’est bien que ce soit n’importe qui, mais il faudrait peut-être deux ou trois personnes qui s’y connaissent vraiment dans le jury», propose Renaud Pilote.

Lire à voix haute
C’est au printemps dernier que le slammeur a été approché pour Slam ma muse, un recueil qu’il conseille fortement de lire à voix haute. «Il y a un rythme dans le texte, une idée de mise en scène, avance-t-il. Ça fait appel à l’esprit des gens, il y a beaucoup de jeux de mots, plus que des assonances ou des images». C’est d’ailleurs ce que propose aussi André Marceau, dans le préface. Comme quoi le slam se performe plus qu’il ne se lit.

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