Quinze ans après la mort de Kurt Cobain, qu’en est-il du grunge?

Celui qui aura été à l’origine de la consécration du mouvement grunge meurt subitement, le 5 avril 1994, à l’âge de 27 ans, comme les trois «J» : Jimi Hendrix, Jim Morrison et Janis Joplin. Eh oui, il y a déjà 15 ans que le chanteur et musicien Kurt Cobain s’est enlevé la vie dans sa résidence de Seattle, laissant pantois toute une génération de jeunes adultes et d’adolescents qui venaient de perdre vraisemblablement leur ultime porte-parole. Un décès qui, dans la mémoire collective, demeure encore vif, énigmatique et suspicieux.

En cinq ans d’existence, Nirvana avait administré un électrochoc à la scène rock mondiale en ayant remis la guitare saturée à la mode, revisité la manière de faire du rock et bouleversé les modes vestimentaires et ce, dans une fin de décennie qui était dominée par les synthétiseurs et le drum machine. Bien sûr, il n’y avait pas qu’eux. Les Pixies, Soundgarden, Sonic Youth, Alice in Chains, Stone Temple Pilots et Pearl Jam étaient de la partie. Cependant, Cobain détenait un avantage : il disposait d’une verve incomparable, composait des mélodies simples, ambitieuses et écrivait des textes d’une franchise troublante reflétant sa vie, ses malheurs, ses espoirs.

Mais qu’en est-il réellement de l’impact de Kurt Cobain dans l’histoire de la musique? À quel point le groupe Nirvana a-t-il influencé ceux de l’après-grunge?

D’abord, il faut comprendre qu’il y a incontestablement un après Nirvana, un après-grunge Une suite logique, quoi. L’un des acteurs principaux de cette suite est la célèbre maison de disques indépendante Sub Pop basée à Seattle, dans l’État de Washington. Elle fut une clef indispensable au succès de Nirvana. Sans elle, on n’aurait jamais vu jaillir en 1989 l’album manifeste du grunge : Bleach. Grâce à sa témérité exemplaire, Sub Pop a survécu et, du coup, est encore en mesure de présenter actuellement un éventail musical alternatif très vaste, exquis et innovateur.

Celui qui a redéfini à jamais la manière de faire du rock regagne en popularité et inspire de nouveaux génies musicaux. Dans ce sens, le grunge a évolué, a muri avec les années pour finalement dériver, se réorienter vers d’autres styles tels que l’indie-folk, le post-rock, l’électro-rock et l’indie-rock. Ainsi, on peut entendre ces styles avec de nouveaux groupes de la scène post-grunge sur l’étiquette Sub Pop, comme The Shins, Rogue Wave, Fleet Foxes, Band of Horses, Wolf Parade, Modest Mouse et The Postal Service. Bien sûr, ils ont une sonorité davantage léchée, suave et polie que le son saturé et gras du véritable grunge des années 1990. Toutefois, l’esthétique grunge s’y retrouve quand même : la simplicité, l’honnêteté, la spontanéité et l’exaspération. Par ailleurs, on perçoit également, au Canada, des groupes qui ont émergé vers la fin du XXe siècle dans cet esprit post-grunge: Matthew Good Band, Our Lady Peace, Metric, The Dears, Broken Social Scene et Arcade Fire.

Ceci étant dit, le post-grunge est plus que jamais en santé et risque de s’éterniser longtemps sur l’échiquier du rock-
alternatif. La musique est le miroir de l’âme et cela, Kurt Cobain l’avait bien compris. Il peut désormais prendre sa place dans l’histoire du rock aux côtés des trois «J».
 

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