Toujours vivante

L’histoire, donc, est la même. À la mort d’Œdipe, ses fils Polynice et Étéocle s’affrontent pour le trône de Thèbes et s’entretuent. C’est alors l’oncle Créon qui prend le pouvoir. Le nouveau roi décide d’instaurer l’ordre dans la cité, à sa manière. Par exemple, Créon offre des funérailles nationales à l’un des frères décédés et décide de laisser pourrir l’autre, le traître, sur la place publique. Malgré les interdictions du souverain, Antigone décide d’offrir les rites funèbres à son frère afin que son âme puisse reposer en paix. Pour cette infraction à la loi, elle est condamnée à la peine de mort.

Voilà donc que s’affrontent Créon et Antigone, deux absolus. La tyrannie versus la pureté, selon certains. «Mais qui est le tyran?, questionne le metteur en scène, Jean-François Hamel. Quelque part, ils sont pareils; ils tiennent à ce qu’ils défendent et ils le font jusqu’au bout.» Si le contenu vous semble dépassé, détrompez-vous. Le metteur en scène défend ardemment la pertinence et l’actualité du propos de cette pièce. «Aujourd’hui, quand on lit les journaux, on constate qu’il se passe encore la même chose», commente-t-il. C’est un travail d’actualisation du propos sur lequel il s’est penché avec les comédiens, qui s’y sont d’ailleurs prêtés à merveille, selon lui. Ainsi, de pair avec une attention particulière à la façon de présenter le texte et l’histoire, l’actualisation rend la pièce accessible à tous les publics.

Hors normes
Quant au traitement, le conventionnel prend la porte. «J’aime beaucoup ce qui est démontré, ce qui est démonté, j’aime surtout les coulisses. J’aime montrer les coulisses du spectacle. Démystifier ce qu’est le théâtre. On montre tout ce que l’on peut montrer», lance Jean-François Hamel. Par exemple, les acteurs ne quitteront jamais la scène. Ainsi, le spectateur devient «l’observateur observé». Il est invité à jouer au «jeu de la parenthèse du regard». Le jeune metteur en scène n’est pas de ceux qui aiment se camper dans des positions confortables. Dans son travail avec les acteurs, il cherche l’inconfort, le dérangement pour «que le texte reste toujours une matière vivante, palpable, qui scintille au soleil». Le résultat : une rencontre toujours à chaud avec le public. Conséquemment, il est très probable que la pièce poursuive son évolution au fil des représentations. Le public est donc invité à la voir… et à la revoir! Bon spectacle!
 

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