Trouver le message derrière l’image

Pierre Falardeau propose, avec Rien n’est plus précieux que la liberté et l’indépendance, un recueil des articles qu’il a écrits au cours des dernières années. Certains ont été publiés, d’autres n’ont pas été achevés. Regard sur une réflexion proposée par un pamphlétaire autant détesté qu’admiré…

C’est donc une décennie de publications, parues pour la plupart dans le mensuel satirique Le Couac et la revue Le Québécois, qui meuble les 250 pages de cet ouvrage publié chez VLB Éditeur. Fidèle à lui-même, Falardeau use d’un langage corrosif, un brin vulgaire, qui peut parfois nuire au message. Au-delà des apparences et du style, des sacres et d’autres écarts de langage, il y a un intellectuel, un penseur, un artiste.

Cependant, et c’est ce qui ressort dans certains textes, force est d’admettre que le messager se renouvelle peu et a parfois «le piton collé». Une réflexion émerge de cette lecture intéressante certes, mais ardue à l’occasion : le personnage de Falardeau est-il devenu plus grand que son œuvre? L’homme fait-il de l’ombre à sa pensée? L’ampleur de sa culture et de ses connaissances est impressionnante et enrichissante, mais la redondance de l’argumentaire en réduit le rayonnement.

Les clichés nationalistes et les hyperboles ethnocentriques étouffent le propos, malgré une éloquence évidente et, souvent, admirable. Elvis Gratton, emblème de l’œuvre de Falardeau, est un symbole fort et un outil de dénonciation efficace. Cependant, à force de trop caricaturer, il semble que le message devient difforme et dénaturé de son sens premier. Peut-être est-ce là que se trouve le défi du lecteur qui, une fois ce premier filtre passé, peut prendre conscience de l’intelligence de l’auteur.

L’espace disponible pour des artistes comme Pierre Falardeau semble de plus en plus restreint, ce qui n’augure rien de bon pour toute démocratie. Falardeau est un spécimen rare, en voie de disparition, dont on a besoin pour nourrir le débat public et ce, peu importe les reproches pouvant lui être adressés. L’essentiel est qu’il y ait justement présence de débats et de réflexions dans notre société où le consensus à tout prix est trop souvent préconisé.

 

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