En entrant dans la salle, on se trouve sur ce qui semble de toute évidence être le toit d’une bâtisse, avec tout ce que cela comporte d’antennes paraboliques. On entend le crépitement intense des fils électriques qui, on se l’imagine, passent au dessus de nos têtes. L’éclairage est froid, mais mystérieux. Un homme se tient debout, seul sur scène. On a hâte de voir ce qui va se passer, le spectacle promet.
Dès les premiers instants, on comprend que les artistes qui se meuvent devant nous sont des comédiens, certes, mais aussi et surtout des manipulateurs, créateurs de sons et d’images. Tout au long du spectacle, ils contrôlent et actionnent eux-mêmes les mécanismes faisant partie du décor, déclenchant ainsi des jeux tout aussi sonores que lumineux. D’ailleurs, on ne peut pas nier l’ingéniosité et le travail minutieux nécessaires pour créer ce décor évolutif si intéressant, autant pour l’œil que pour l’oreille.
Si la barrière de la langue nous empêche de comprendre l’essence du spectacle (lequel se déroule entièrement en norvégien), celui-ci réussit tant bien que mal à nous captiver du début à la fin. Dans l’ensemble, on assiste à une sorte de création d’ambiances et d’images très intéressantes. Les tentatives pour secouer le public sont appréciées, mais souvent trop peu assumées, ce qui les rend inefficaces. Le spectateur, qui sent à l’occasion le moment s’intensifier, a envie d’être déstabilisé et, tout à coup, ça avorte. C’est comme si on nous interdisait le plaisir juste au moment d’y toucher. On se trouve alors un peu déçu, tout en se disant que la prochaine montée sera la bonne.
Malheureusement, ça n’y est jamais; même la fin arrive étrangement, sans s’annoncer ni marquer une quelconque conclusion au spectacle. Finalement, au bout du compte, on constate que l’on est laissé sur sa faim. On en aurait demandé encore.
La théâtralité de la représentation est toutefois présente de par la forme de la proposition. Cependant, les frontières entre les différentes disciplines du spectacle sont plus ou moins définies, ce qui en fait certainement une création multidisciplinaire somme toute agréable, pour son ensemble.
