C’est sans remède

C’est bientôt la fin pour le tyrannique, infirme et aveugle Hamm, ses parents, enfermés dans des poubelles, et Clov, son domestique, qu’il maltraite mais qui n’arrive pas à partir de la maison. Oui, la fin, mais quand ? Les quatre personnages de Fin de partie vivent dans l’attente de quelque chose. La mort peut-être : « Fini, c’est fini, ça va finir, ça va peut-être finir ». Ou le moindre événement signifiant. Mais « Signifier ? Nous, signifier ? Ah elle est bien bonne ! » Quoi faire alors ? Parler, regarder à la fenêtre la terre et la mer, caresser un chien en peluche, parler, parler encore. « Ça » finira bien par arriver, non ?

C’est du Samuel Beckett à son meilleur, absurde et soulignant le sens vide de la vie, que Lorraine Côté met en scène avec brio au Théâtre de la Bordée. Décors métalliques, éclairages tantôt froids, tantôt chauds, environnement sonore inquiétant et surtout distribution première gamme : si Roland Lepage et Paule Savard s’avèrent excellents dans leur rôle de parents, c’est le duo Jacques Leblanc et Hugues Frenette qui vole évidemment la vedette, se renvoyant la balle avec une complicité contagieuse et un grand talent, ce qui n’est pas une surprise. Une pièce coup de poing dans laquelle, malgré les rares petites longueurs, on rit beaucoup, même si ce n’est pas forcément drôle. Les optimistes feront croire que le public ressort plus humain du théâtre, les cyniques affirmeront plutôt que ce fut là la plus belle démonstration de leur philosophie. Chacun y trouvera son compte.

Quoi ? Fin de partie
Qui ? Texte : Samuel Beckett, mise en scène : Lorraine Côté
Où ? Théâtre de la Bordée
Quand ? Jusqu’au 11 février

Crédit photo : courtoisie Nicolas Tondreau
 

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