Chair de poule

Dans cette chorégraphie pour une petite humanité d’onze danseurs, ils étaient dix à la première de S’envoler jeudi dernier puisque le seul interprète de Québec, Brice Noeser, ne performait pas sur scène. Les célébrations pour les 15 ans de la Rotonde ont pris leur envol pour débuter la seizième saison avec cette création de la compagnie Création Caféine à la salle multi de Méduse.

Les artistes coordonnent leur migration sous la supervision d’Estelle Clareton, chorégraphe, comédienne et interprète, que l’on connait surtout pour son rôle de Marie-Christine dans Les hauts et les bas de Sophie Paquin, série-culte pour bon nombre de téléspectateurs.

Clareton maîtrise l’usage de la métaphore de l’oiseau dans une pièce assumée par ses interprètes. Ils ne tombent pas dans la caricature de la volaille.

Sur des airs d’électro-rock, dès les premiers mouvements s’installe l’univers volatil dans lequel a été plongé un public attentif durant la performance de 55 minutes. À la fois teinté d’humour, de lyrisme et de moments acrobatiques, la création de la chorégraphe franco-québécoise voyage entre les dualités; un système qui se trace les va-et-vient, qui dessine le comportement migratoire.

Les interprètes issus à la fois du monde de la danse, du cirque et du théâtre agencent les images riches de ce vocabulaire de l’avifaune. Ils se couvent entre eux, se nourrissent se supportent dans leurs tentatives de premiers envols; bref, ce sont ces jeunes adultes qui tentent d’atteindre l’étape supérieure en s’appuyant les uns les autres.

Après ses Furies, la série plus noire d’Estelle Clareton, S’envoler vient percer les nuages sombres pour en faire sortir un faisceau lumineux. Cette lueur dans les ténèbres se respire bien. D’ailleurs, il y a toujours un oiseau de tête pour guider le Grand V des danseurs. On y plonge tête première, pas dans le sable comme une autruche, mais plutôt dans l’imaginaire à plumes, ça piaille partout autour.

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