CHANGE!

Poser illégalement une « banque à bas » devant le Musée d’art contemporain de Montréal, faire exploser une jeep et émettre 10 000 « constats d’infraction citoyenne » pour dénoncer la consommation excessive, monter un Club Med au coeur du Downtown East Side de Vancouver, voici quelques-uns des attentats que Pierre Allard et Annie Roy ont orchestrés depuis leur rencontre en 1997.

Changefait une rétrospective du duo, marqué dès le tout début par un art socialement engagé. « On fait des projets d’occupation de l’espace public pour créer un espace de débat citoyen, une rencontre entre les gens, une discussion sur différents enjeux. Le projet Change réunit tous les projets qu’on a créés et porte sur des problématiques comme l’environnement, le patrimoine bâti, la consommation, le social » explique le co-fondateur Pierre Allard. Il souligne aussi l’importance de faire l’art en direct et devant le public : « Quand on voit ça dans la rue, on le vit, il y a une émotion qui passe, on n’a pas de filtre comme on peut avoir en écoutant la télé. Avec ces images-là, on veut provoquer, déstabiliser le spectateur, semer une réflexion. La clé du changement social c’est premièrement l’action individuelle. »

État d’urgence, une « œuvre totale », illustre peut-être le mieux ces propos : « C’est un camp de réfugiés pour les sans-abri que l’on monte depuis 12 ans. Pendant cinq jours, on sert 500 à 600 repas par jour, il y a 150 personnes qui dorment là, on donne pour 50 000$ de vêtements chauds. L’année dernière, on avait même des gens qui faisaient des massages et des coupes de cheveux » raconte Allard. La place Émilie-Gamelin à Montréal se transforme alors en un vaste terrain d’expérimentation sociale où les gens de la rue, les artistes et la population se rencontrent. « C’est une proposition artistique qui va vraiment loin sur le niveau social » ajoute l’artiste.

Mais Change c’est aussi un questionnement sur l’univers de l’é-change et de la mise en marché par la création ironique d’un lieu de commerce : « La première version de Change c’était un magasin qu’on avait ouvert sur le boulevard Saint-Laurent à Montréal pendant trois mois. On a créé des produits dérivés qui découlaient d’une série de projets qu’on avait réalisés dans le passé et il y avait vraiment des étals pour les vendre. On a vendu beaucoup, le jeu de l’échange a vraiment bien fonctionné. Ici, l'exposition est différente. C'est une galerie, il y a plus d'artéfacts et d’images d’archives. Ça répond à notre désir de nous renouveler et de jouer avec le projet » précise Pierre Allard. C’est ainsi que l’exposition rétrospective intégrée à une intervention sur le marketing s’arrêtera à Québec jusqu’au 16 octobre, avant de terminer sa tournée canadienne à Carleton-sur-Mer en Gaspésie.

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En lien avec l’exposition, le 22 septembre à 16h au local 2406, la Galerie des arts visuels vous convie à la projection du film L’art en action et à un échange avec les deux fondateurs de l’ATSA. Ayant  suivi  le  collectif  pendant  quatre  ans,  les  réalisateurs du film  racontent les  motivations de l’ATSA et les idéaux qui sous-tendent leurs questionnements et interventions participatives urbaines.

Crédit photo : Caroline Senécal

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