L’étudiant à la Faculté de musique, Federico Tarazona, nous explique l’origine de son instrument: le charango.

Charango et folklore péruvien

Méconnu au Québec, le charango est synonyme de musique folklorique pour les habitants de la cordillère des Andes. Les Boliviens comme les Péruviens revendiquent l’invention de cet instrument à cordes pincées, mais ses origines, qui remontent au 17e siècle, sont encore floues.

Au temps des grands empires européens, les occupants de l’Amérique du Sud interdisaient aux autochtones de jouer de la guitare baroque, associée au patrimoine espagnol. «Il y a des légendes qui disent que les Indiens ont créé le charango à cause de ces interdictions, raconte Federico Tarazona. Ils l’auraient créé tout petit pour pouvoir le cacher en dessous de leur poncho.» Cette hypothèse n’est toutefois pas confirmée.

Tout comme son ancêtre, le charango traditionnel compte cinq rangées de cordes doubles. «À l’époque, on croyait que les cordes doubles permettaient d’offrir une meilleure sonorité et de mieux entendre l’instrument», explique le musicien professionnel. Mais cette particularité ne change rien à la manière de jouer l’instrument, puisqu’on retrouve la même justesse dans les deux cordes.

Il existe plusieurs variantes du charango. Par exemple, dans certaines régions au sud du Pérou, on construit la caisse de résonance de l’instrument avec une carapace de tatou. Toutefois, il est de plus en plus rare de voir cette variante, puisque le tatou est un animal en voie d’extinction protégé par la loi.

Une version plus polyvalente

Federico Tarazona a dessiné lui-même sa propre version de l’instrument, baptisée «hatun charango», ce qui signifie «grand charango». Ce modèle innovateur compte six rangs de cordes simples et un rang de cordes doubles. Cette différence permet d’offrir beaucoup plus de possibilités harmoniques et polyphoniques par rapport au charango traditionnel, qui se limite au folklore andin.

«Je me suis toujours intéressé à la musique d’Europe et d’Amérique du Nord ; le jazz, la musique classique, la musique contemporaine, etc. J’ai fait cette adaptation précisément pour jouer ces sortes de musique», exprime le charanguiste, qui a étudié dans différents conservatoires du Pérou, de Russie, d’Allemagne et de France avant d’atterrir au Québec.

Ainsi, le nom de «grand charango» ne fait pas référence à la taille de l’instrument, mais bien à son registre, puisqu’il donne accès à un répertoire musical universel. Selon Federico Tarazona, il y aurait plus de 50 musiciens dans le monde ayant adopté cette variante de l’instrument dont il est l’inventeur. Ceux-ci proviendraient d’aussi loin que du Japon et d’Israël, mais aussi d’Amérique latine, des États-Unis et d’Espagne.

Crédit photo : Claudy Rivard.

Consulter le magazine