Au MBNAQ, Marc-Aurèle Fortin. L’expérience de la couleur s’entame en grande pompe et sera présentée jusqu’au 8 mai. La poésie visuelle de Fortin est reconnue pour son utilisation audacieuse de couleurs contrastées souvent cernées d’un trait noir expressif. Le peintre paysagiste ayant œuvré avec l’huile, l’aquarelle, le pastel, et l’eau-forte, entre autres médiums, s’inscrit donc dans une tradition académique partiellement influencée par les changements modernistes affectant la peinture québécoise du début du 20e siècle. Impressionnisme, symbolisme et même le tonalisme américain viennent agir sur le pinceau du maître coloriste. Celui-ci innove toutefois par sa palette d’un vert clair et par la masse imposante de sa flore domestique.
Les deux salles de l’exposition dévoilent la sensibilité d’un artiste qui cherchait à représenter la réalité québécoise dans toute sa splendeur. Une grande fierté s’en dégage. Le penchant pour une vie simple passée dans la verdure cantonnière ou dans un cartier ouvrier d’Hochelaga est palpable au point de nous procurer un sentiment de nostalgie une fois la visite terminée.
De l’autre côté du fleuve, une différente démarche nous attend. Apocalypso, présentée au centre Regart de Lévis jusqu’au 20 février, nous propulse dans le monde onirique de Paul Brunet. Ici, l’artiste utilise l’acrylique et la bombe aérosol pour créer des espaces indéfinis mettant en vedette une iconographie tirée des médias de masse. Les fonds d’un flou technicolor accueillent une panoplie de personnages disparates rendus en aplat et circonscrits d’une ligne bédéesque.
La culture populaire est donc au menu afin de créer un certain étourdissement face à notre vie quotidienne. Le malaise est voulu; il cherche à poser un questionnement sur la place de l’image médiatique dans notre univers familier. Il montre aussi l’importance d’autres méthodes d’expression, la peinture actuelle par exemple, qui se retrouvent souvent hors des sentiers battus.
