Critique de Détour de chant

Le théâtre de rue est de plus en plus populaire – le succès de Où tu vas quand tu dors en marchant ?, dans le cadre du Carrefour international de théâtre, en est une preuve évidente. Pas étonnant alors que Québec en toutes lettres prenne goût aussi à cette pratique, avec le théâtre de rue musical Détour de chant, qui prend assise dans le quartier St-Sauveur : plus particulièrement devant Le Coin de la Patate et aux alentours, sur St-Joseph. Y traînent des drôles d’oiseaux de nuit, des paumés des romans de Réjean Ducharme qui s’incarnent, ici, sous les traits de quelques acteurs de Québec – Anne-Marie Olivier, Israël Gamache, Claudiane Ruelland, Jean-Sébastien Ouellette, pour ne nommer que ceux-là. Une galerie de personnages que le public, mouillé en cette première représentation de lundi soir, suit, d’un coin de rue à chez un coiffeur, ou devant une voiture. On y croise, c’est toute la beauté de la chose, des passants locaux, qui pestent contre ces « littéraires qui bloquent les rues ». Puis la pluie s’amène plus fortement, empêchant une scène au téléphone de se réaliser : tout le monde, public et acteurs, est relégué au Coin de la Patate. Le spectacle se continuera là, alternant entre un peu de dramaturgie signée notamment Geneviève Tremblay et beaucoup de chansons, magnifiques et touchantes, dont la grande majorité ont été écrites par Patrick Ouellet. Au bout d’une petite heure, Détour de chant se clôt de manière admirable. Sans grandiloquence ni effets spéciaux, mais en réinventant les codes d’un théâtre placé dans la rue, c’est-à-dire dans la réalité, ce spectacle marque les esprits de ceux qui ont vécu cette formidable plongée dans la ville.

Crédit photo : Courtoisie Mélissa Guérette

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