Dans les eaux théâtrales

 

Une trilogie théâtrale pluridisciplinaire prend vie cet hiver à Québec. S’adressant à un public de tout âge et déployant danse, acrobaties, chant et théâtre, la compagnie créatrice Nuages en pantalon nous fait célébrer l’eau, soit-elle précieuse, mystérieuse ou métaphorique.

La conception est des plus originales : une pièce est offerte aux plus jeunes dès l’âge de 5 ans, une autre élaborée pour les adolescents à partir de 12 ans, une dernière enfin dirigée vers les adultes. Si la première, Le chant de la mer, navigue à la surface de la mer en compagnie d’une fillette à la recherche de sa mère perdue, la deuxième, L’ivresse des profondeurs, plonge dans l’océan pour éprouver vertiges et passions. La troisième se veut une exploration des fonds marins, une découverte toujours plus poussée de la présence (symbolique, éthique, voire ontologique) de l’eau dans la vie humaine.

C’est dans un jeu concis et livrant toujours l’essentiel, sans toutefois s’épargner le plaisir de faire vivre des moments de chorégraphie et de chanson, que les quatre interprètes ont permis au spectateur d’explorer un monde aux multiples interprétations possibles. Jean-Philippe Joubert, directeur artistique de l’œuvre, mentionne qu’il est très important pour lui et son équipe de laisser cet espace de travail au public, qui doit terminer le sens du chemin parcouru sur scène par et pour lui-même. Les deux premières pièces réussissent fort bien à ce pari, et ce, sans verser ni dans le « trop concret », ni dans le « trop abstrait ». Un exemple brillant qui convie enfants jeunes et adultes à entrer dans un esprit d’échange d’égal à égal.

Le chant de la meret L’ivresse des profondeurs marquent par leur diversité d’ambiances : du lyrique au politique, en passant par le comique et l’éclectique. Il est difficile de s’y ennuyer ou de se perdre dans nos propres méandres intérieurs. Il faut également apprécier l’efficacité des décors, la richesse du dialogue avec l’eau – qui s’intéresse sans cesse à de nouvelles dimensions, qui ne manque pas de se renouveler – et la facilité des changements de scène, qui parfois sautent du coq à l’âne pour mieux s’approprier un large éventail d’énergies. Le tout coule comme de l’eau. Il fallait y être pour entendre les spectateurs, provenant principalement de groupes scolaires, rire et réagir sans retenue.

Quoi ?Le chant de la mer et L’ivresse des profondeurs

Qui ?Par la compagnie de création Nuages en pantalon

Où ?Théâtre jeunesse Les Gros Becs

Quand ?Jusqu’au 12 et 10 février

À surveiller :Le volet adulte de la trilogie EAU au Théâtre Périscope, du 6 au 24 mars

Crédit photo : Claudy Rivard et Arnaud Anciaux

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