La semaine dernière, le Théâtre de la Bordée lançait sa toute nouvelle saison avec la pièce Félicité d'Olivier Choinière, un jeune auteur originaire de la capitale nationale.

Félicité poliment

Courtoisie Nicolas-Frank Vachon

La semaine dernière, le Théâtre de la Bordée lançait sa toute nouvelle saison avec la pièce Félicité d’Olivier Choinière, un jeune auteur originaire de la capitale nationale. Une oeuvre certes originale, mais qui est loin de suggérer les réflexions profondes auxquelles le théâtre nous a habitués.

Raphaël Létourneau

Félicité personnifie les vedettes comme étant les nouveaux dieux de la société actuelle. La pièce se centre sur l’histoire d’Isabelle Côté, une jeune fille gravement malade qui vit quotidiennement de la maltraitance de la part de sa famille (viol, sous-nutrition, violence). Attachée dans son lit jour et nuit, Isabelle a pour seule obsession son amour et son admiration immense pour Céline Dion.

Ce sont à quatre employés d’un Wal-Mart que l’on a confié la narration. Ces personnages nous racontent les péripéties de Céline après qu’elle ait décidé de prendre une pause de carrière. Une narration qui prend la forme d’une discussion d’employés surexcités, le lendemain d’un grand évènement du spectacle. Manifestement fascinés, d’une façon presque abrutissante, ils racontent chaque parcelle de l’histoire – avec humour à l’occasion. Seul hic, près de la moitié de la pièce passe pendant qu’on les écoute détailler le vécu de Céline en faisant du surplace sans grande mise en scène.

Puis finalement : bouleversement, mystère, intrigue! Le fil de l’histoire amène une transition déstabilisante. Nous quittons alors la vie luxueuse de la vedette, pour nous projeter dans l’atroce vécu d’Isabelle. La mise en scène se met enfin en branle, les acteurs bougent et illustrent ce qu’ils racontent, tout en interagissant avec le décor. La liaison des deux univers drastiquement opposés est, sans ambiguïté, la plus grande force de l’oeuvre. Une force non négligeable englobe la forme, mais qu’en est-il du fond?

L’idée générale laisse pourtant un goût plutôt amer. Au lieu d’y retrouver une certaine critique sociale face à la vénération des vedettes, on dépeint la vedette comme le salut. De plus, la pièce se sert du même processus qu’un fait sensationnaliste : un intérêt capté pour une histoire tragique et les déboires d’une starlette. Aucune critique de l’absurdité du comportement humain, uniquement une tentative de garder l’attention du public jusqu’à la fin. Une réussite, il faut l’avouer, car on demeure curieux jusqu’à la toute fin. Cependant, c’est un divertissement à court terme qui ne laisse pas place à une grande méditation.

Félicité n’est tout de même pas à jeter, c’est une pièce qui surprend à plusieurs moments et un bon divertissement qui, lorsque l’intrigue démarre, garde en haleine. Malheureusement, l’illustration du monde du vedettariat a tendance à renforcer l’obsession au lieu de mettre en lumière ses défauts. Une contradiction avec l’intention première de l’auteur, sans doute.

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