Festival Antenne-A : version condensée

Le festival Antenne-A, qui se déroulait la semaine dernière au Cercle, n’était qu’un « intérim », une version diluée de l’événement auquel les mélomanes de Québec sont habitués. Malgré la petite envergure de cette quatrième édition, le public était au rendez-vous, sans doute attiré par la programmation équilibrée et hétérogène.

Mercredi, avant que la programmation musicale ne débute, le Cercle était plein à craquer pour la soirée Pecha Kucha. Cette forme de diffusion, où des créateurs et penseurs sont invités à échanger avec l’auditoire en présentant un diaporama de vingt diapositives affichées pendant vingt secondes, n’a pas déçu. Empreinte d’un profond éclectisme, l’activité animée par l’hyperactif Matthieu Dugal a réussi à allier architecture, poésie, conte et muséologie, en passant par le graffiti et la musique. L’idée était ambitieuse, mais la soirée a livré la marchandise. Certains se sont permis de sortir des paramètres définis,

comme Simon Dumas, qui a présenté sa mise en images de poèmes, notamment du poète acadien Serge Patrice Thibodeau.
Les premières vraies notes du festival Antenne-A se sont fait entendre jeudi, avec la venue d’un groupe hommage à Daft Punk provenant de Toronto. Le groupe a fait taire les détracteurs des cover bands en reprenant habilement des extraits du répertoire des génies français de l’électro. N’oubliant pas les pièces incontournables, le groupe a livré un hommage soul, parfois funk, trompette et saxophone en prime. Arranger des reprises de Daft Punk pour huit musiciens, il faut le faire. Seul défaut de la soirée, comme pour le reste du festival : le début trop hâtif des festivités. Le petit souper de colocation devient problématique quand il faut se rendre à la salle de spectacle vers 20h pour ne rien manquer. Plusieurs ont sans doute fait comme moi, c’est-à-dire arriver en retard et manquer la première partie.

Si le reste du week-end offrait quelques bouts de programmation intéressants, c’est vraiment la soirée de vendredi qui était la plus attendue, avec le spectacle de Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra, excroissance de la défunte formation montréalaise Godspeed You ! Black Emperor. Une rare occasion de voir et d’entendre ces géants du post-rock. La salle, réchauffée ( ou complément irritée, tout dépend du point de vue ) par la prestation singulière du duo québécois Framboos, a réservé un accueil particulièrement chaleureux à la tête d’affiche.NogueOn se serait cru dans une drôle de messe : des gens étaient assis par terre sur le bord du balcon, les jambes pendant dans le vide, l’ensemble de la salle en transe devant la voix torturée du chanteur et les progressions lentes et apocalyptiques des pièces interprétées. Un bel exemple de réelle communion entre les artistes et leur public. Les gens savaient plus ou moins quand applaudir tant les pièces s’enchaînaient doucement, sans que le silence ne vienne s’incruster dans l’air, sans que les cordes des instruments ne cessent de vibrer. Le résultat était somme toute étrange, comme lors d’un spectacle de musique classique, quand on ne sait plus trop si l’on doit applaudir, la vision périphérique et l’ouïe à l’affût de la réaction des aficionados.

Après un rappel vivement réclamé par la foule, les commentaires gueulés par quelques personnes ont mis en évidence l’appréciation générale. « Merci » et « C’était excellent ! » ont précédé des pointes telles que « C’est mieux que les Nordiques » et « On veut le retour de Silver Mt. Zion à Québec. »

Samedi, c’était au tour de Pascal Asselin, alias Millimetrik, de fouler les planches du Cercle. Coiffé d’un bandeau orné de plumes colorées, le DJ a lancé son nouvel album, Mystique Drums, pour la deuxième fois à Québec, après le petit lancement dont il était question plus tôt ce mois-ci dans

Impact Campus. Comme il l’avait promis en entrevue, l’ancien batteur s’est aventuré du côté de son vieil amour, avec les quelques morceaux de batterie qu’il avait installés à côté de sa table. Le tout, agrémenté d’une projection en arrière-plan, était plutôt réussi, d’autant plus que Mystique Drums est bien plus robuste en spectacle que sur disque.

Après Millimetrik, les rappeurs aux costumes affreux d’Alaclair Ensemble se sont présentés sur scène. Il faudra demander à quelqu’un d’autre de vous décrire la performance, j’ai préféré prendre le dernier bus. Du Loco Locass à la sauce Radio Radio…non merci. Le rap au deuxième degré, pas ma tasse de thé.

Les organisateurs d’Antenne-A promettent une programmation complète pour le cinquième anniversaire du festival. Ce n’est que partie remise, mais après cet « intérim » plutôt maigrichon, nos attentes vont être assez élevées pour l’année prochaine.

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