Pour son quatrième spectacle de la saison, la Rotonde s’est transportée au Théâtre de la Bordée pour la première fois en 15 ans. Une salle comble, absorbée par le tango enflammé du spectacle EL12, prouve que l’initiative était la bienvenue.
Alexandra Fiset
El12, présenté par la troupe Otra Orilla, exploite la mesure du temps qui règne sur le flamenco et sur nos vies à travers les années. Le spectacle débute sur une horloge et Myriam Allard, chorégraphe et danseuse, qui en suit le mouvement des aiguilles de façon chirurgicale. Le tout se prolonge à travers différents tableaux qui présentent des situations où le temps nous pousse à différents âges.
La Otra Orilla est loin de faire dans le flamenco traditionnel. L’interprétation des personnages met en avant la technique même si on sent qu’elle est bien maîtrisée, des mouvements originaux sont proposés ainsi que des musiques non traditionnelles telle qu’une pièce de Jacques Brel. La danseuse vient chercher les spectateurs sans cesse à travers ses regards et met beaucoup d’emphase sur le message qu’elle raconte.
Des musiciens accompagnent la danseuse sur scène et participent un peu aux chorégraphies. On sent que souvent, Myriam Allard relance la balle aux musiciens avec ses coups de talons qui marquent aussi bien les rythmes de la musique. Les chants typiquement espagnols lancés par Hedi Gradja « El Moro » étaient puissants évocateurs. L’ensemble musical était fort et tout s’emboîtait bien avec les mouvements de flamenco. Un spectacle que forme un tout, transmet des émotions et évoque des images, El12 est digne d’une peinture.
