La dénonciation par l’art

Pour quelques jours encore, la galerie L’espace contemporain de Québec se transforme en pôle d’art engagé. Quinze artistes sont rassemblés pour cette exposition thématique sur la contestation et la dénonciation.

Plusieurs problématiques sont abordées, notamment le suicide, l’anorexie, les changements climatiques et les scandales des prêtres pédophiles. Des sujets qui peuvent choquer, qui peuvent brasser les gens. C’est justement le but de l’exposition, comme l’explique le propriétaire de la galerie, Michel Therrien. «Je voulais des œuvres qui pouvaient, à la limite, bousculer les gens. Je voulais faire réfléchir.»

Selon lui, la contestation n’est pas le sujet de prédilection des galeries commerciales comme la sienne. « On ne voit pas souvent ce type d’œuvres parce qu’on ne les voit pas dans les galeries commerciales. Souvent, les artistes font des productions pour des galeristes en particulier. Ils peuvent également avoir une production personnelle qui n’est pas nécessairement diffusée. L’art engagé est souvent fait mais pas nécessairement vu», indique-t-il.

Alors que certaines œuvres sont plus abstraites et prennent plus de temps à déchiffrer, l’une d’entre elles, dans le fond de la galerie, attire l’attention et va droit au but: Autophage du peintre français Richard Colombi. On y trouve une femme d’une maigreur extrême sur fond noir. Cette toile, qui aborde le sujet de l’anorexie, est inspirée d’expériences vécues par son créateur, un ex-ambulancier. Dans sa vie personnelle et professionnelle, il a été en contact avec l’anorexie. «J’ai vu un peu le reflet des magazines, là où on présente l’anorexie comme quelque chose de fantastique, le summum de la beauté. J’ai vu ce que ça provoquait sur Monsieur et Madame Tout-le-Monde. J’ai voulu le faire ressortir à ma façon, montrer les choses. J’ai un peu arraché le masque et montré ce qu’il y avait derrière», explique Richard Colombi.

«On a cette impression d’atteindre le sommet de la beauté alors qu’au contraire, c’est la dégringolade aux enfers. C’est la négation du corps, la destruction totale du beau. C’est pour ça que l’œuvre est brutale. Il y a vraiment beaucoup de (ressenti) derrière», poursuit-il.

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