Critique d’une œuvre poétique de Nicolas Dawson, «La déposition des chemins».

La déposition des chemins

Nicolas Dawson nous propose un première œuvre poétique, intitulée La déposition des chemins, publiée à La Peuplade. Ce recueil est orienté par «l’absence» qui est le moteur même d’une quête de l’Autre, symbolisé par un destinataire appelé Leo. Divisé en trois parties, le recueil exprime le sentiment d’exil vécu par le narrateur, séparé de l’être aimé par une distance que rien ne peut abolir, hormis la parole.

Cet éloignement géographique devient l’image d’une solitude que le narrateur tente de combler par un appel lancé vers ce Leo, appel qui demeure sans réponse: «dans ma voix tu n’entends pas / le printemps». Le thème de la mémoire se trouve au centre de cette partie du texte et des échos au drame chilien de la dictature viennent habiter le propos. Plusieurs passages en langue espagnole sont insérés entre les vers et permettent d’apporter une couleur particulière au recueil, donnant l’impression d’un dialogue. Heureusement, ces passages demeurent dans la tonalité poétique et se marient sans rupture aux vers de langue française: «si me miras Leo / neige». Toutefois, le grand nombre de ces passages pourrait poser problème à certains lecteurs puisqu’ils ne sont pas traduits. Dans la deuxième section, c’est l’espoir qui domine, mais un espoir d’oublier: «Je trace des souvenirs sur la terre / en attendant la première neige».

La troisième et dernière partie du recueil, constituée de poèmes en prose, semble différente des deux autres. Le destinataire, Leo, disparaît un peu derrière des poèmes plus descriptifs, parfois même un peu anecdotiques, où le narrateur décrit la ville, l’hiver, et finit par constater que la mémoire demeure, et la douleur aussi: «Le sol révèle les restes d’hier: mon reflet oublié dans les flaques que laisse l’arrivée du printemps. / La glace non plus ne s’enracine».

En somme, bien que certains passages soient plus maladroits et qu’il y ait quelques ruptures de tons, l’ensemble du recueil s’avère assez intéressant et place ce nouvel auteur dans la catégorie des poètes qui travaillent davantage du côté de l’unité du recueil que de celui de l’impact des images. La force de ce livre réside dans l’atmosphère qui s’y installe, qui nous permet de bien ressentir la solitude du narrateur par rapport à l’absence de Leo. Cette émotion, par-delà son caractère particulier, arrive à nous toucher, car elle ouvre le texte à une dimension plus large, soit celle de la solitude fondamentale de chaque être humain, qui cherche à rejoindre l’Autre, qu’il soit extérieur à nous ou bien, comme souvent, en nous.

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