L’art d’illustrer la musique

L’Harmonie de Charlesbourg a accueilli dimanche dernier sur la scène du Grand Théâtre deux dessinateurs, Julien Dallaire-Charest et Catherine Lemieux, pour dévoiler leur concert dessiné Les contes parallèles. Cet ensemble a su livrer une belle performance, alliant avec brio deux univers artistiques bien singuliers : la musique et le dessin.

Ce concept original de concert dessiné représente un petit piment qui a attisé la curiosité des petits comme des grands.

Les traits de dessins combinés aux harmonies musicales de l’orchestre a fait replonger le public dans les différents univers des contes qui ont bercé son enfance : Nausicaä, Kiki la petite sorcière, Blanche Neige et bien d’autres encore.

Grâce à une caméra située au-dessus de la planche de travail des dessinateurs, toute la salle pouvait observer l’évolution des dessins au gré de la musique sur un grand écran situé derrière l’orchestre. Cet événement venait souligner le Festival de la BD francophone de Québec.

Créer un univers par le mariage des arts

Pour l’ancienne étudiante au Baccalauréat en art visuels et médiatiques de l’Université Laval, Catherine Lemieux, le véritable défi du concert dessiné consiste à établir une symbiose entre le dessin et la musique.

Chaque domaine artistique se complétant mutuellement, il faut parvenir à « créer des univers, des atmosphères ». Elle perçoit la forme de concert dessiné comme quelque chose de très stimulant. « Ça permet de faire des choses qu’on n’aurait pas fait dans d’autres contextes, de sortir le dessin des cases. »

De son côté, Julien Dallaire-Charest estime que le dessin sert aussi à renouveler les univers que dégagent les contes et qui sont restés inscrits dans l’esprit collectif. « Le challenge est de prendre ce que les gens connaissent et présenter ça différemment. Il faut surprendre les spectateurs », assure-t-il.

Il précise que de créer un univers n’est pas chose aisée. Les dessinateurs doivent parvenir à établir une cohérence entre le dessin et le ton de la mélodie. Ainsi, si la musique transmet de la tristesse, le dessin devra lui aussi correspondre à cette émotion pour parvenir à créer un univers homogène.

Réussir à capter l’intérêt du public

Pour garder le public alerte tout au long du concert, les dessinateurs variaient les formes de dessins, rendant le spectacle plus dynamique. Julien estime « qu’il y a plus que les mains, qu’il faut livrer une performance ».

Un mariage subtil entre les performances de dessin réalisées en direct et les dessins préparés au préalable était à l’œuvre sur la scène. Ces derniers venaient se juxtaposer judicieusement aux premiers pour couronner le tout.

Au-delà de cet aspect, les dessinateurs sont confrontés à une contrainte importante dans le cadre d’un concert dessiné : le temps. Ils ont une durée limitée pour réaliser leurs tracés. Il est alors nécessaire d’aller directement à l’essentiel pour ne pas perdre le public. « Il faut être concis dans ce qu’on fait, rendre l’idée rapidement, souligne Julien. Les spectateurs doivent saisir ce que je suis en train de faire au deuxième coup de crayon. »

Certaines pièces avaient une durée très courte. Pour les deux dessinateurs, le défi consistait à allier précision et rapidité pour conserver une bonne dynamique.

Enfin, le concert dessiné stimule plusieurs sens : l’ouïe, mais aussi la vue. Catherine Lemieux souligne ce côté très visuel du monde illustré. « Les spectateurs ont les yeux qui jonglent entre l’orchestre et les dessinateurs ».

La rigueur au rendez-vous

Que ce soit au stade de la conception du spectacle ou sur la scène, l’improvisation n’a pas réellement sa place, car la précision est de mise. Lorsque les dessinateurs préparent le spectacle, la mélodie leur sert de repère.

« La musique nous guide, on accompagne la musique », affirme Julien. C’est donc aux dessinateurs, et non à l’inverse, de s’adapter.

Le scénarimage est un outil qui leur permet de planifier quelles figurent dessiner à tel moment de la partition de musique. L’enchainement des dessins doit être méthodiquement préparé, ce qui fait que le résultat final demande beaucoup de pratique.

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