Le bonheur des uns s’arrête là où commence le bonheur des autres

Il y a 20 ans, Jean-Pierre (Michel Barette) quittait la maison familiale, laissant seule derrière lui Louise (Louise Portal) qui a la charge d’élever leurs enfants, sa fille de 10 ans Marion (Eve Duranceau) et son enfant de 8 ans, Sylvain (Marc-André Grondin). Monsieur part refaire sa vie, devenant un père absent, un peu égoïste, profitant seul de son bonheur et non pas sans blesser les siens. Au souper d’anniversaire des 29 ans de Sylvain, il annonce avec joie à son ex-femme et à ses enfants qu’il a une nouvelle flamme, Évelyne (Julie Le Breton), 30 ans et…enceinte. La famille, qui n’a jamais réellement eu de liens tissés serrés, est sous le choc. Sa nouvelle conquête a l’âge de ses propres enfants! Les vieilles blessures refont surface, les règlements de comptes commencent. Sylvain pleure la relation père-fils qu’il n’a jamais eu et envie celle que son petit frère aura. Quant à Marion, elle jalouse la copine de son père, elle qui tente depuis 2 ans d’avoir un enfant avec son copain Yves (Stéphane Breton), mais sans succès. Et Louise qui cultive ses vieilles habitudes et la solitude de sa pauvre vie… Le bonheur de Jean-Pierre, ce control freak, est un affront à la douleur qui habite toute la famille et dont ils lui attribuent la lourde responsabilité. Mais l’histoire prendra une toute autre tournure.

Le bonheur des autres fait parfois mal. Les rapports familiaux sont parfois tendus, souvent dysfonctionnels. Les relations de couples sont quelques fois difficiles. Et les séparations aussi. Ce film est un reflet des maux de sociétés. Il traduit avec brio la maxime « Le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres»… et vice-versa. Michel Barette nous offre une prestation intéressante et vivante qui nous fait oublier son fameux personnage de jeunesse  Roland « Hi! Ha! » Tremblay, qui lui colle parfois à la peau.

Le film est réaliste et surprenant. Un peu prévisible par moments, mais tout de même accrocheur, divertissant. Le choix musical est impressionnant et nous fait totalement vivre les émotions des personnages; tantôt triste, tantôt joyeux. Jean-Philippe Pearson, qui avait également produit Québec-Montréal et Horloge biologique, a su intelligemment démontrer comment peuvent réagir les membres d’une même famille, liée par le sang mais sans plus, face au bonheur d’un seul d’entre eux. On pénètre alors dans un tourbillon de  jalousie, de colère, d’envie, de peine et de questionnements.

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